Crise économique : recrudescence des cas de négligences de chiens et de chats - Le Point Vétérinaire.fr

Crise économique : recrudescence des cas de négligences de chiens et de chats

Bénédicte Iturria

| 18.06.2024 à 13:05:00 |
© ananaline-Getty Images

Aux Pays-Bas, 1371 animaux de compagnie ont été saisis et placés en lieu sûr en 2023.

L'année dernière, le Service national d'inspection du bien-être animal* néerlandais (LID) a traité beaucoup plus de cas de négligences de chiens et de chats qu'au cours des deux années précédentes. C’est ce qui ressort de son rapport annuel (2023), publié le 7 juin 2024. Le LID attribue cela à différents facteurs : la crise du coronavirus et le malaise économique qui en a résulté, la sévère inflation et la forte augmentation des coûts vétérinaires. Les inspecteurs rencontrent de plus en plus de propriétaires en difficulté pour prendre soin de leurs animaux de compagnie. Le nombre de dossiers concernant des chiens a augmenté de près de 15 % par rapport à 2021, et celui de chats d'environ 22 %. L'année dernière, le service d'inspection a reçu 2 760 signalements de chiens négligés. Ils étaient 2363 en 2022 et 2403 en 2021. Le nombre de signalements de chats négligés est passé lui de 1528 en 2022 à 1957 en 2023. En 2021, il était de 1638.

Chiens en couches culottes

Dans la plupart des cas, le signalement conduit à un avertissement ou une menace de recevoir une amende. Le propriétaire a alors la possibilité d'améliorer les conditions de vie de son animal. Cela concerne aussi bien les éleveurs que les particuliers. Parfois, la situation est si préoccupante que les animaux sont retirés à leur propriétaire comme en témoigne certains inspecteurs du LID. Un inspecteur a ainsi écrit dans son rapport  : « j'ai vu qu'il n'y avait plus de dents dans la gueule du chien. J'ai aussi constaté que le chien était maigre, j'ai senti les côtes et les os de la hanche dépasser ». Un autre a été surpris de voir des chiens en couches culottes parce qu'on ne les promenait pas : « à ce moment-là, j'ai vu plusieurs chiens, tous portant des couches, certains en combinaison avec une barboteuse. Dans cette pièce également, j'ai senti une énorme odeur d'ammoniaque ». Au total, 1371 animaux de compagnie ont été saisis et placés en lieu sûr l’année dernière.

Covid, inflation et manque de moyens

Marc Jacobs, chef du service d’inspection a expliqué à l'agence de presse ANP les raisons de l’augmentation des négligences. Il a ainsi déclaré : «  immédiatement après le coronavirus, nous avons constaté dans notre pays que des lapins et des rongeurs étaient abandonnés en masse et se retrouvaient dans des refuges. Maintenant, nos inspecteurs trouvent principalement de nombreux chiens et chats négligés par des propriétaires qui ne peuvent plus ou ne veulent plus prodiguer de soins. Cette augmentation des négligences peut s’expliquer par le fait que les gens ont acheté un animal de compagnie pendant les périodes de Covid pour les accompagner pendant les confinements. Mais ils ont mal calculé le coût des soins associés à un animal de compagnie ». Selon lui : « l'économie chancelante et l'inflation élevée qui a résulté de la crise ont rendu compliqués les soins (médicaux) requis pour les animaux de compagnie, en particulier pour les personnes aux revenus les plus faibles. Une visite chez un vétérinaire apparaît également comme une barrière financière infranchissable pour certains propriétaires en raison de la forte augmentation des prix des traitements ». Les inspecteurs constatent régulièrement que les propriétaires d'animaux se rendent trop tard chez le vétérinaire. « Cela conduit à de la négligence et, en fin de compte, à une action nécessaire de la part du LID. Le service observe que les propriétaires choisissent souvent d'abandonner leur animal après la visite d’inspection. Ils évitent ainsi de nouvelles souffrances et mettent fin au fardeau financier », a rajouté Marc Jacobs.

Des éleveurs affairistes et dépassés

Le nombre de signalements a également augmenté du fait d’éleveurs peu scrupuleux, de plus en plus confrontés à des problèmes dus aussi à l'effet Covid. Ils ont accru leur offre lorsque la demande de chiens et de chats a explosé, mais se retrouvent désormais régulièrement avec de grandes quantités d'animaux qu'ils ne peuvent plus vendre. Ils ne peuvent ou ne veulent pas payer les frais de soins. En 2023, le nombre de chiens saisis chez certains éleveurs était élevé. Lors des tournées d'inspection, de plus en plus de professionnels semblaient envisager d’arrêter leur activité car ils ne commercialisaient plus les animaux.

*Le LID (Landelijke Inspectiedienst Dierenwelzijn) est une fondation indépendante chargée de faire respecter la législation et les réglementations en matière de bien-être animal. Le LID est le premier interlocuteur en cas de négligence (défaut de soins appropriés) envers les animaux de loisir et les animaux de compagnie élevés à titre privé ou commercial. Il agit pour le compte du Ministère de l’Agriculture, de la Nature et de la Qualité alimentaire. Le LID travaille en collaboration avec l'Autorité néerlandaise de sécurité des produits alimentaires et de consommation (NVWA), l'Agence néerlandaise pour les entreprises (RVO) et la police. La NVWA traite principalement les déclarations relatives aux animaux de rente et au commerce à grande échelle de chiens (> 10 reproducteurs). Les inspecteurs du LID effectuent des contrôles quotidiens sur la base de rapports qui arrivent principalement via le 144, numéro d’appel dédié aux signalements de maltraitance animale et de signalements des partenaires. De plus les inspecteurs effectuent au moins 700 contrôles de routine par an auprès de professionnels, tels que les animaleries, les éleveurs, les commerçants, les pensions et les refuges. Les inspecteurs du LID exercent des pouvoirs d'enquête et de surveillance. Lorsqu'un inspecteur découvre des infractions, il se doit d’améliorer la situation de l'animal en concluant des accords amiables ou en ayant recours au droit administratif et/ou pénal.

Bénédicte Iturria

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