Suite à l’observation d’une nouvelle espèce de frelon, Vespa orientalis, à Marseille, deux nids de ce frelon ont été découverts et détruits. Une surveillance est prévue sur toute la zone méditerranéenne, dans le cadre du plan national de lutte contre les frelons asiatiques.
En septembre 2021, une nouvelle espèce de frelon, Vespa orientalis, était décrite pour la première fois en France par une équipe d’entomologistes, à Marseille dans le quartier de la Cabucelle (friche industrielle - usine Saint-Louis). Il s’agit de la 3ième espèce de frelons présente en France (Vespa velutina – le plus connu, et Vespa crabo), et une des dernières espèces exotiques envahissantes découvertes en France continentale. Que s’est-il passé depuis cette découverte ? Des éléments de réponse ont été donnés sur le site de l’Itsap-Institut de l’abeille, par Quentin Rome spécialiste des hyménoptères et des vespidés pour le Museum national d’histoire naturelle, et Etienne Calais, président de groupement de défense sanitaire (GDS) d’Ile-de-France. Comme ils l’expliquent, ce frelon est, comme les autres frelons déjà connus, à craindre pour les insectes et l’abeille domestique. « En effet, le régime alimentaire précis du frelon oriental est inconnu, mais l’on sait qu’il chasse les abeilles domestiques comme le fait le frelon asiatique. L’on peut donc craindre que par son vol stationnaire devant les ruches il n’affecte également l’activité des colonies d’abeilles. » La vigilance est donc de mise quant à sa présence sur le territoire.
Pas de preuves d’une implantation à ce stadeA ce jour, seuls deux nids de frelons, situés à proximité de la friche, ont été découverts et détruits. « Des sexués étaient visibles sur les fleurs de lierre, donc au moins une de ces deux colonies, ou une troisième si elles n’étaient pas les deux seules, était en cours de reproduction », est-il indiqué. Ces nids étaient construits dans des cavités de murs (pierres et parpaings).
A ce stade, il n’y a pas de preuves que cette espèce de frelon soit installée dans le sud-est de la France, étant donné qu’il n’y a pas de nouvelles observations avérées sur le terrain de ces frelons. Cela n’empêche pas les scientifiques de prendre les devants puisque Quentin Rome indique travailler sur un modèle de niche climatique, comme ce qui avait été réalisé dans le passé pour Vespa velutina. « Compte tenu de nos connaissances sur la répartition de l’espèce dans le monde, que nous sommes en train d’affiner pour l’occasion, il est probable que cette espèce se limite à des zones au climat chaud et sec. Les côtes françaises de la Méditerranée pourraient donc se montrer favorables au développement de celle-ci », souligne-t-il. Toutefois, il indique aussi que Vespa orientalis avait déjà été observée dans d’autres pays voisins, plusieurs fois, sans qu’on arrive à une installation définitive. « Les raisons de l’échec d’une implantation peuvent être variées (individus peu adaptés au climat, faible diversité génétique, etc.) et seules de nouvelles observations produites cette année pourront nous confirmer l’implantation de la population dans le sud-est de la France », précise-t-il.
Une surveillance programméeDans ce contexte, une surveillance active de cette nouvelle espèce est prévue sur le terrain puisqu’il est prévu que le plan national de lutte contre les frelons intègre aussi le comptage de cette espèce. Ce plan national de lutte, porté par l’ADA France (Fédération nationale des associations régionales de développement de l’apiculture), la FNOSAD (Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales), GDS France (Groupement de défense sanitaire), GNTSA (Groupement national des techniciens sanitaires apicoles) et l’institut de recherche Itsap, intègre une action nationale de piégeage de printemps des frelons asiatiques. Laquelle a théoriquement débuté en février 2022, sur la base de travaux de l’Itsap qui avaient apporté des preuves d'une efficacité du piégage au printemps, sur le nombre de nids de frelons. Dans ce cadre, la présence de Vespa orientalis sera surveillée sur l’ensemble de la zone méditerranéenne. « Des bases de données permettront de faire un bilan avec une cartographie sur la région méditerranéenne, indique Etienne Calais. (…) La découverte de frelons Vespa orientalis doit être déclarée immédiatement aux DDPP et au MNHN3. Ces découvertes appelleront une réaction immédiate afin de redéfinir le plan d’action local et départemental. »
Selon Quentin Rome, si cette nouvelle espèce de frelon s’implante en France, les démarches à envisager pour lutter contre ce prédateur potentiel des abeilles sont les mêmes que celles pour le frelon asiatique. « En fonction de l’étendue de son implantation, il pourrait être encore possible d’envisager une éradication de la population », conclue-t-il.