IAHP : des résultats globaux positifs pour la vaccination - Le Point Vétérinaire.fr

IAHP : des résultats globaux positifs pour la vaccination

Tanit Halfon

| 26.05.2023 à 16:16:00 |
© iStock-AlbertoGagliardi

Après un premier rapport sur la protection clinique et l’excrétion virale, un deuxième rapport vient de dévoiler d’autres données sur la réduction de la transmission virale. Pour le ministre, les résultats « apportent des garanties suffisantes pour lancer une campagne de vaccination dès l’automne 2023 ».

Un deuxième rapport sur l’évaluation de la vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) a été rendu publique sur le site du ministère de l’agriculture. Il suit un premier rapport qui avait présenté les résultats sur la protection clinique et l’excrétion virale. Pour rappel, l’évaluation a porté sur deux vaccins indiqué chez le canard mulard : Duck H5-SRV vaccine® de Ceva Santé Animale, un vaccin à ARN ; et Volvac B.E.S.T. AI+ND® de Boehringer Ingelheim animal health (BI), un vaccin bivalent adjuvé sous-unitaire (H5 modifiée). Le protocole vaccinal consistait en 2 injections à environ 3 à 4 semaines d’intervalle) : 1 et 28 jours pour le vaccin Ceva ; et à J10 et J28 pour le vaccin Boehringer Ingelheim. Dans le premier rapport, il avait été mis en évidence une bonne innocuité, une protection clinique, une réduction significative de l’excrétion virale oro-pharyngée et cloacale. Le deuxième rapport est spécifiquement dédié à l’impact du vaccin sur l’excrétion virale.

Une excrétion précoce et une transmission virale rapide

Pour l’étude de l’excrétion virale, le protocole expérimental utilisé a consisté à créer 3 groupes d’animaux : des animaux témoins non vaccinés, des animaux vaccinés avec le premier candidat (C1), et des animaux vaccinés avec le deuxième (C2). Pour chacun, les animaux ont été séparés en deux sous-groupes via une séparation physique par une bâche plastique (du sol au plafond), permettant de mimer un contact indirect. Deux animaux de chaque groupe ont été inoculés avec le virus à 7 semaines d’âge ; ils ont été replacés dans un de leur sous-groupe 24 heures après inoculation.

Il ressort d’abord que l’excrétion virale se fait rapidement, tout comme la transmission, et elle dure (dans les conditions expérimentales). Ainsi, une excrétion a débuté dès 1 jour  post-inoculation chez les animaux témoins inoculés (excrétion oro-pharyngée +++ et cloacale +) ; elle était encore présente à environ 30jours au niveau oro-pharyngée. Chez des animaux témoins en contact direct, il a été observé une excrétion dès 3 heures post-contact au niveau oro-pharyngée (et 24h cloacal), avec une durée d’excrétion similaire. Pour les animaux en contact indirect, l’excrétion a été identifiée 2 jours après le contact, toujours avec une durée d’excrétion similaire.

Une transmission fortement réduite avec les vaccins

Pour le groupe C1, un animal sur les deux inoculés s’est avéré excréteur. Pour lui, l’excrétion a été précoce mais d’une durée très réduite, de 6h post-inoculation à 4jours, et sans aucune excrétion cloacale. Pour la transmission, un seul animaux (sur 9) en contact direct a été trouvé positif 2 jours après contact, et toujours avec seulement une excrétion oro-pharyngée. Aucun animal en contact indirect n’a été trouvé positif.

Pour le groupe C2, cette fois-ci, les deux canards inoculés étaient excréteurs, selon les mêmes caractéristiques décrites dans l’autre groupe. Un animal sur 9 en contact direct a été détecté positif ; aucun animal en contact indirect n’a été trouvé positif.

Dans ces 2 groupes, une séroconversion est détectés (protéine NP) chez respectivement un contact indirect et direct alors qu’aucune excrétion n’avait été détectée.

L’estimation du R0 est inférieure à 1.

Un vaccin pour l'atuomne prochain ?

Ces résultats montrent une bonne capacité des deux vaccins « à réduire significativement les niveaux et durées d’excrétion du virus d’épreuve, par voie respiratoire et digestive, chez les sujets vaccinés », estiment les experts ayant participé à l’étude. « Ils ont également permis de démontrer la maîtrise de la transmission directe de l’IAHP chez les animaux vaccinés (R0<1) pour les deux vaccins testés et l’absence de transmission par contact indirect (transmission aérienne) dans les conditions expérimentales utilisées ».

Un autre essai est prévu à l’automne 2023 pour évaluer la même chose mais avec une inoculation du vaccin à 11 semaines d’âge, « un âge auquel les animaux sont déplacés pour aller en gavage. Cet essai de transmission à 11 semaines d’âge sera réalisé en animalerie protégée à l’automne 2023, les canards nécessaires à sa réalisation devant pour cela être mis en place et vaccinés en début d’été 2023 (sous réserve de la non dégradation de la situation sanitaire). »

Dans le communiqué de presse associé du ministère de l’agriculture, il est indiqué que « ces résultats favorables apportent des garanties suffisantes pour lancer une campagne de vaccination dès l’automne 2023. »

Tanit Halfon

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