Cet appel met notamment en avant l’importance de la coopération mondiale pour lutter contres les épidémies et pandémies.
L’inquiétude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vis-à-vis de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) fait la une des journaux depuis quelques jours. Si la situation appelle effectivement à la vigilance, à ce stade, les experts de l’Organisation n’ont pas modifié leur estimation du risque : il reste faible pour la population générale et faible à modérée pour les personnes exposées (comme les professionnels de l’élevage). De plus, à ce stade, aucune transmission interhumaine n’a été suspectée ou détectée.
Malgré tout, comme il est expliqué dans un communiqué du 19 avril 2024 de l’OMS, « la grande inquiétude est qu’en infectant les canards et les poulets, mais aussi de plus en plus de mammifères, ce virus évolue et développe la capacité d’infecter d’humain, et surtout qu’il soit capable de se transmettre d’humain à humain ».
Selon ce même communiqué, les cas humains avérés à ce jour sont associés à un taux de mortalité « extrêmement élevé parmi les quelques centaines de personnes connues pour avoir été infectées par ce virus à ce jour ». Mais attention : il s’agit en fait d’une mortalité globale incluant tous les clades circulants. Le clade majoritaire, le 2.3.4.4b, qui est celui qui circule activement dans le monde, notamment en Europe et outre Atlantique, est associé à priori à peu de cas humains, qui sont peu ou asymptomatiques. C’est tout clades confondus, et en comptant les cas humains depuis 1997, qu’on arrive à une létalité élevée d’environ 50%, sur plus de 890 personnes touchées, est-il détaillé sur le site des CDC.
Vigilance accrue en AsieMais depuis 2016, les infections humaines répertoriées sont « sporadiques » : 10 en 2016 (tous en Egypte), 4 en 2017 (3 Egypte, 1 Indonésie), 0 en 2018, 1 en 2019 (Népal), 1 en 2020 (Laos), 1 en 2021 (Inde)…pour repartir à la hausse (légère) en 2022 avec 7 cas, 12 en 2023 (dont 6 Cambodge et 4 Royaume-Uni) et enfin 7 en 2024 (dont 5 Cambodge - données au 3 avril 2024).
En Asie, où plusieurs clades continuent de circuler, notamment le 2.3.4.4b, le 2.3.2.1c et d’autres, des inquiétudes montent. Dans un communiqué commun entre la FAO et les autorités sanitaires vietnamiennes de début avril 2024, il est indiqué qu'un nouveau virus réassorti H5N1 a été détecté dans la sous région du Grand-Mékong provoquant des infections chez l’humain et la volaille depuis le milieu de l’année 2022. « Ce virus a récemment provoqué des épidémies chez l'homme au Cambodge au début de cette année. Ce virus contient les protéines de surface du clade 2.3.2.1c qui a circulé localement, mais des gènes internes d'un virus plus récent du clade 2.3.4.4b, est-il expliqué dans le communiqué. L'introduction et la circulation à grande échelle de ce virus réassorti de l'influenza A(H5N1) dans la région du Grand Mékong présentent un risque important pour la santé animale et humaine, compte tenu de l'impact historique des épidémies d'IAHP dans la région. En outre, ce réassortiment témoigne non seulement de la capacité d'adaptation du virus, mais aussi du risque permanent d'émergence de nouvelles souches potentiellement plus virulentes. » Au Vietnam, une stratégie vaccinale des volailles avait été mise en place mais le communiqué ne fournit pas plus de détails.
Coopération mondialeOutre-Atlantique, face aux cas chez les vaches laitières, l’OMS appelle à « poursuivre la surveillance et les investigations « parce que le virus peut évoluer et se transmettre de différentes manières. Les structures de traite des vaches créent-elles des aérosols ? Est-ce l'environnement dans lequel elles vivent ? Est-ce le système de transport qui propage la maladie dans tout le pays ? Il s'agit d'une préoccupation majeure et je pense que nous devons nous assurer que si le H5N1 venait à se transmettre d’humain à humain, nous serions en mesure de réagir immédiatement en ayant un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics. » Selon les dernières informations communiquées par les autorités sanitaires américaines à ce sujet, le virus serait excrété dans le lait à des concentrations élevées. Par ailleurs, la transmission par voie respiratoire n'est pas considérée comme la principale voie de diffusion du virus chez les bovins. A ce stade toutefois, il n'y a pas de restrictions réglementaires nationales, comme des mises en quarantaine, les bovins se rétablissant après un isolement. Néanmoins, plusieurs états ont imposé des restrictions de mouvements.
Cette annonce de l'OMS intervient alors qu’une mise à jour de la terminologie utilisée pour décrire les agents pathogènes aéroportés vient d’être faite, « dans le but de renforcer la coopération internationale en cas de nouvelle pandémie mondiale attendue. » Cette démarche avait été lancée à la suite de la pandémie de Covid-19. « Au-delà de la nouvelle terminologie, l'initiative renforce l'engagement de la communauté internationale à lutter contre des épidémies et des pandémies de plus en plus complexes et fréquentes, est-il précisé dans le communiqué. (…) Nous utilisons la même terminologie, le même langage, et nous devons maintenant faire des recherches scientifiques qui fournissent des preuves sur la tuberculose, le COVID et d'autres agents pathogènes respiratoires afin que nous sachions comment contrôler ces infections mieux que nous ne l'avons fait dans le passé ». Pour l’influenza, « le développement d'un vaccin n'était pas "là où nous devrions être », et « les bureaux régionaux, les bureaux nationaux et les autorités sanitaires du monde entier n'étaient pas non plus en mesure de diagnostiquer le H5N1. »