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IAHP : un cas humain grave au Canada

Tanit Halfon

| 14.11.2024 à 13:19:00 |
© iStock-sudok1

Le premier cas humain canadien d’infection à H5N1 concerne un adolescent, qui est actuellement hospitalisé dans un état critique. Le génotype en cause est différent de celui circulant parmi la population des bovins laitiers aux Etats-Unis.

Le Canada a confirmé son tout premier cas humain d’infection au virus influenza aviaire H5N1 hautement pathogène (IAHP) du clade 2.3.4.4b, en Colombie-Britannique. Au vu de la quarantaine de cas déjà rapportés aux Etats-Unis, avoir un cas au Canada ne semble pas surprenant. Sauf que ce cas se démarque considérablement des autres.

Un jeune sans lien avec des élevages

Premier point : il s’agit tout d’abord d’un jeune, un adolescent, et pas d’un travailleur agricole qui lui est directement à risque d’exposition du fait de son activité professionnelle. Les autorités sanitaires ont indiqué ne pas encore savoir la source de contamination. L’adolescent n’avait à priori pas de lien avec des femmes aviaires, ou avec des volailles. Ce que l’on sait par contre, et qui a été montré par les analyses génomiques, est que la souche virale en cause s’apparente aux virus circulant chez les volailles en Colombie-Britannique. Il est à noter que les virus circulants dans les élevages aviaires au Canada ne sont pas du même génotype que ceux circulant dans les élevages bovins : les premiers appartiennent au génotype D.1.1, quand les deuxièmes sont du génotype B3.13. De plus, au Canada, aucun foyer dans des élevages de ruminants n’a été signalé ; les autorités sanitaires indiquent aussi que jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve de virus dans les échantillons de lait analysés.

Un cas grave

Deuxième point de différence : il s’agit d’un cas grave, alors que les cas américains sont bénins, voire asymptomatiques. L’adolescent est hospitalisé dans un état critique pour détresse respiratoire aiguë, alors qu’il était auparavant en bonne santé. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’a été découvert le portage du H5N1, grâce au protocole de surveillance de la grippe en milieu hospitalier. Au début de l’infection au 2 novembre, le patient présentait des signes classiques et bénins : fièvre, conjonctivite et toux. L’hospitalisation a été décidée quelques jours plus tard, du fait de l’aggravation des symptômes. A priori, l’adolescent n’avait pas de problématiques de santé sous-jacentes. Il a reçu un traitement antiviral.

Selon le médecine responsable de la santé en Colombie-Britannique, on pouvait craindre que la maladie soit plus grave chez les jeunes, les adultes ayant été exposés à des précédents virus de la grippe saisonnière H1N1 à l’origine d’une protection partielle contre la souche H5 aviaire.

 A ce stade de l’enquête, il n’y a aucune preuve de transmission interhumaine. L’enquête se poursuit pour tenter de déterminer l’origine de la contamination (animale ? environnementale ?). Pour les autorités sanitaires canadiennes, ce cas ne change en rien le risque pour la population générale qui reste faible.

Des recherches sur des vaccins

C’est à priori la première fois qu’un cas grave est rapporté avec les virus HP H5 du clade 2.3.4.4b qui a pris le dessus dans le monde (et en Europe donc) ces dernières années. Mais il ne fait pas oublier que d’autres clades circulent (1, 2) pouvant être associés à des infections humaines graves voire mortelles.

Malgré tous ces cas, la vaccination humaine contre le H5N1 de la population générale n’est pas une mesure envisagée à ce stade. Seule la Finlande a sauté le pas de la vaccination, mais uniquement pour des populations spécifiques à plus haut risque d’exposition, c’est-à-dire celles en contact avec des volailles ou animaux à fourrure, mais aussi le personnel de laboratoire, ou encore les vétérinaires officiels. Cette campagne n’était pas annoncée comme obligatoire, et a été lancée l’été dernier. 

En parallèle, l’Organisation mondiale de la Santé avait annoncé fin juillet le lancement d’une initiative dans le cadre de son programme de transfert de technologies ARNm, visant à faciliter le développement à grande échelle de vaccins à ARNm contre la grippe aviaire, en particulier pour les pays à revenu faible ou intermédiaire. Cette initiative est menée en collaboration avec la société argentine Sinergium Biotech, partenaire du Programme, qui a mis au point des vaccins candidats contre le H5N1 et « veut procéder à une validation de principe sur des modèles précliniques. Une fois le corpus de données précliniques constitué, d’autres fabricants partenaires pourront bénéficier de la technologie, des matériels et du savoir-faire, ce qui contribuera à accélérer la mise au point de vaccins expérimentaux contre le H5N1 et à renforcer les mesures de préparation aux pandémies. »

A noter que la recherche sur des vaccins potentiels est active dans de nombreux pays.

Tanit Halfon

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