En juin 2023, l'Agence Nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, et de l'environnement (Anses) a rendu un rapport d'évaluation sur les impacts sur la santé publique de la dynamique des populations de renards en France métropolitaine.
"Le contexte sociétal actuel, impliquant notamment les associations de protection de la nature et les chasseurs ou les éleveurs quant au rôle du renard dans l’épidémiologie de certaines zoonoses, est sensible" selon l'Anses. C'est pourquoi, les experts de l'agence ont publié en juin 2023 un rapport d'expertise dans lequel les risques pour la santé publique liés aux populations de renards ont été listés.
Un risque zoonotique avéréAinsi, certains acteurs considèrent que le renard est le premier responsable de la transmission à l’humain de diverses zoonoses, ce qui les motive à proposer son classement en tant qu’ESOD (Espèces Susceptibles d'Occasionner des Dégâts). Or, selon le rapport du groupe de travail (GT) de l'Anses, "la zoonose pour laquelle le renard joue actuellement un rôle épidémiologique majeur, i.e. prépondérant par rapport à celui des autres espèces animales impliquées dans le maintien de la biomasse d’agents pathogènes et dont la transmission à l’humain est avérée, est l’échinococcose alvéolaire (EA)". En effet, le renard, hôte définitif principal d’E. multilocularis, est responsable de la très grande majorité de la contamination environnementale par le parasite. Les humains peuvent s’infester soit par consommation d’aliments crus contaminés (baies, salades et autres légumes à feuilles, champignons, etc.) provenant d’une zone d’enzootie, soit par contact mains-bouche après manipulation sans gants d’un renard ou d’un chien infesté, ou encore d’un sol contaminé par des déjections de renard ou de chien infesté. Toutefois, comme le notent les experts, les contributions respectives des renards et des chiens à l’exposition humaine ne sont actuellement pas mesurées, voire sont non quantifiables. D'ailleurs, "sur la base des données et des résultats d’études disponibles, les experts estiment que la réduction des populations de renards ne permet pas une diminution du risque d’EA pour les humains".
Un rôle difficile à définirPar ailleurs, le GT a rappelé que le renard ne joue pas de rôle dans la transmission de la rage en France (officiellement indemne depuis 2001 selon les critères de l’OMSA (Organisation mondiale de la santé animale)) et qu'il pourrait être responsable de la transmission de Sarcoptes scabiei var. vulpes et de Toxocara canis. Ces zoonoses sont rares et bénignes (à l’exception de très rares formes graves de toxocarose), et guérissent spontanément. Pour le cas particulier de Mycobacterium bovis, le renard constitue, très localement et uniquement en zone infectée bovine, une source possible d’infection retour pour les bovins, mais le GT a rappelé que l’élimination préventive des renards en zone indemne de tuberculose bovine ne peut en aucun cas être justifiée au motif de la lutte.De même, "les opérations de réduction des populations de renards ne permettent pas de réduire le risque de transmission d'E. multilocularis et du virus rabique aux humains ou aux animaux domestiques de manière avérée", selon les experts. Au contraire, des effets inverses de ceux attendus (augmentation de la charge parasitaire, dispersion virale) ont pu être observés.
Vers une meilleure préventionPour éviter tout risque, le GT recommande donc de sensibiliser le public au fait de ne pas attirer ou nourrir les renards, en particulier dans les jardins, de ne pas laisser d’accès à des aliments pour animaux domestiques déposés à l’extérieur, de couvrir les composts, de sortir seulement le jour de leur ramassage les bacs de collecte des déchets ménagers qui ne sont pas fermés, de prendre les précautions usuelles lors de manipulation de renards vivants, (accidentés, dans les centres de soins ou approchés dans le jardin) ou trouvés morts : port systématique de gants, lavage des mains, transport des cadavres de renards dans des contenants hermétiques). De même, en élevages, le GT rappelle l’importance de la mise en œuvre de mesures de biosécurité visant à protéger les bâtiments d’élevage et, plus spécifiquement les réserves d’aliments, contre l’intrusion des renards, pour limiter les contacts directs ou indirects entre renard et bétail. En termes de surveillance sanitaire, les populations de renards font l’objet d’une surveillance sanitaire évènementielle réalisée par le réseau SAGIR (réseau de surveillance des maladies infectieuses des oiseaux et des mammifères sauvages terrestres), qui permet de générer des connaissances sur leur santé. De plus, une surveillance programmée de la tuberculose bovine chez les animaux sauvages, dont le renard localement, est mise en œuvre dans le cadre du dispositif national Sylvatub.