Selon une publication de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) du 3 décembre 2024, le virus influenza de type D, qui affecte principalement les bovins, a été isolé pour la première fois en France chez le porc.
"Même si l'on savait que le virus influenza de type D pouvait affecter le porc, c’est la première fois qu’il est isolé en France chez cette espèce " ont indiqué les chercheurs de l’unité Virologie immunologie porcines au laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses dans une publication du 3 décembre. En effet, le virus, qui avait déjà été trouvé chez des porcs dans plusieurs pays (États-Unis, Italie, Luxembourg, Irlande et Pays-Bas), a été détecté par le laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort de l’Anses dans des prélèvements provenant d'une exploitation de Bretagne élevant à la fois des porcs et des bovins. Bien que l’influenza D touche surtout les bovins et provoque généralement assez peu de signes cliniques chez les porcs, dans cette exploitation certains porcs ont présenté de la toux et des éternuements.
Le passage d’une espèce à l’autre facilité par leur proximité physiqueComme l'ont indiqué les chercheurs, ce passage inter-espèce illustre donc l’intérêt de mettre en place des programmes de recherches destinés à mieux étudier un éventuel risque de transmission du virus à l’être humain. C'est pourquoi, bien que les possibles cas de transmission à l'être humain recensés à ce jour restent incertains, les scientifiques de l’Anses se sont rendus dans l’élevage pour mieux comprendre comment les porcs ont pu être contaminés. Selon eux, "le passage du virus des bovins aux porcs au sein de l’élevage n’a pas pu être confirmé mais est très probable dans la mesure où l’entrée de la ventilation de la porcherie est à proximité de l’étable". De plus, d’après l’éleveur, des jeunes taureaux ont présenté une maladie respiratoire peu de temps après leur arrivée dans l’élevage. Le virus a donc pu être transmis par voie aérienne ou via des outils ou des vêtements. En outre, l’analyse de prélèvements réalisés sur des porcs d’âges différents a montré que le virus a circulé entre les porcs avant d’être éliminé.
Éviter l’adaptation à de nouvelles espècesEnfin, en étudiant le génome du virus isolé chez les porcs, les scientifiques se sont aperçus que celui-ci portait deux nouvelles mutations qui pourraient faciliter l’adaptation du virus à de nouvelles espèces. Cette hypothèse reste cependant à confirmer. Toutefois, comme l'ont conclu les chercheurs, « cet exemple rappelle l’importance de séparer les espèces au sein des élevages et de veiller à ne pas transporter du matériel non désinfecté d’une zone à l’autre, et ce, d'autant plus dans le cas du porc. En effet, l'adaptation du virus de l’influenza D aux porcs représente un risque pour la santé des animaux car le porc est connu pour être un hôte intermédiaire, facilitant l’adaptation des virus grippaux à l’humain, comme c’est le cas notamment pour les virus influenza de type A, qui peuvent être responsables de grippes zoonotiques"