Pour la première fois, une contamination à H5N1 a été rapportée chez un porc d’élevage dans le pays. En parallèle, des nouvelles contaminations continuent d’être signalées chez les bovins laitiers, tout comme chez l’humain.
La dynamique de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) ne ralentit pas aux Etats-Unis. Si des foyers en élevage aviaire continuent d’être régulièrement signalés, la dynamique virale concerne avant tout les troupeaux de bovins laitiers. Selon le dernier bulletin des agences de santé américaine (CDC pour Centers for disease control and prevention) du 4 novembre 2024, 440 foyers en élevage bovin laitier ont été rapportés dans 15 Etats américains depuis mars 2024, contre 300 foyers dans 14 Etats au 14 octobre dernier. Pour comparaison, depuis avril 2024, ce sont seulement 45 élevages commerciaux de volailles et 30 élevages de basse-cour qui ont été confirmés positifs au virus H5, mais ce qui représente un total de 22,37 millions d’oiseaux touchés.
Une quarantaine de cas humainsEn parallèle, le nombre de contaminations humaines à H5 continue sa progression. Ainsi, au 4 novembre, les CDC signalent déjà 44 cas de personnes touchées depuis avril 2024, dont 19 cas associés à une exposition à des volailles infectée, et 24 à des vaches laitières. Pour ces derniers cas, 20 concernent des travailleurs d’exploitations laitières dans le seul Etat de Californie. Si les signes cliniques sont toujours bénins, notamment caractérisés par une conjonctivite, certains des derniers cas signalés dans l’Etat de Washington, qui est un nouvel Etat touché (en lien avec des élevages de volailles) ont signalé de symptômes légers des voies respiratoires supérieures.
L’origine de la contamination n’a pas pu être déterminé pour un cas, celui du Missouri, dont nous avions parlé dans un précédent papier, et qui avait été détecté grâce à la surveillance événementielle de la grippe saisonnière. Une enquête était en cours*, suite à la découverte de cas contacts malades, incluant des professionnels de santé et un contact familial. La conclusion est rassurante : aucun élément ne permet de confirmer des contaminations au virus influenza aviaire H5 des cas contacts. Pour les professionnels de santé, toutes les analyses sérologiques sont revenues négatives. Pour le contact familial comme pour le cas index du Missouri, un seul test sérologique a montré une réponse anticorps au H5 suggérant qu’il est possible que ces deux personnes aient été exposées au même virus (le H5N1 ayant été confirmé chez le patient index par test PCR). Le fait que ces deux personnes présentaient des signes cliniques similaires, au même moment, suggère une origine commune et pas une transmission. Mais il est à noter que pour les experts, il n’est pas possible d’attribuer avec certitude les signes cliniques à un virus H5, d’autant qu’ils « ne correspondent pas aux symptômes couramment observés dans d’autres cas de H5 » (symptômes gastrointestinaux).
Un porc touchéMalgré ces cas, les experts des CDC estiment que le risque immédiat pour la population générale reste faible, mais est plus élevé pour les personnes exposées à des animaux infectés.
Toutefois, il est à noter qu’une récente expérimentation menée en laboratoire sur des furets a montré qu’un virus ayant infecté l’humain pouvait provoquer une maladie mortelle, tout comme être transmis par contact direct mais moins bien par la voie aéroportée. Le virus testé était une souche virale isolée chez un employé d’une exploitation laitière ayant été touchée en avril 2024, au Texas.
Par ailleurs, un autre événement marquant est aussi à signaler : fin octobre, un porc a été confirmé positif au virus dans une basse-cour de l’Oregon. L’animal n’était pas symptomatique, et fréquentait dans le même environnement que des volailles confirmées positives au H5N1. A ce stade, les analyses n’ont pas révélé de mutations préoccupantes. Toutefois, ce cas appelle à la vigilance puisque le porc est un animal sensible aux virus influenza touchant différentes espèces, pouvant amener à des situations possibles de réassortiments, et potentiellement faire émerger des virus avec un potentiel pandémique. Les CDC rappellent d’ailleurs qu’ « une série d’événements de réassortiment chez les porcs serait à l’origine de la pandémie de grippe A(H1N1) de 2009 ».
* Conférence de presse des CDC du 24 octobre.