Un rapport de l’Union nationale de l’apiculture française met en avant le risque d’exposition des abeilles aux antiparasitaires vétérinaires et aux produits biocides utilisés dans les élevages bovins et ovins.
L’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) vient de publier un rapport sur l’usage des antiparasitaires vétérinaires et des biocides dans les élevages bovins et ovins en pâture, et leur impact sur les abeilles domestiques. La conclusion : ces produits, du fait de leur mode d’action neurotoxique non spécifique des insectes parasites, représentent un risque potentiel pour les abeilles.
Si les auteurs soulignent que « les possibilités d’exposition des abeilles aux insecticides en élevage sont méconnues et n’ont jamais fait l’objet d’un suivi quantitatif », ils estiment cependant que les pollinisateurs sont susceptibles d’être exposés à des doses toxiques, via l’abreuvement ou les poussières générées par les élevages. Pour exemple, selon eux, les « effluents aqueux des opérations de traitement insecticide peuvent représenter des ressources en eau de choix pour les abeilles. » De plus, les abeilles « peuvent aussi s’abreuver directement sur les toisons humides d’animaux traités, ou dans les fluides qui s’en écoulent. »
Le rapport dénonce également le manque de transparence du marché des antiparasitaires vétérinaires, en comparaison avec le suivi « détaillé » des antibiotiques à usage vétérinaire. De la même manière, les auteurs soulignent l’absence de « suivi quantitatif public des ventes de produits biocides, et notamment insecticides », d’autant plus qu’un grand nombre de biocides sont actuellement en vente libre, du fait d’une réglementation européenne sur les produits biocides en transition.
Pour Jean-Marc Bonmatin, chercheur au centre national de la recherche scientifique, qui a supervisé cette étude, « les insecticides utilisés en élevage ne sont pas plus à négliger que ceux utilisés en traitement des cultures, puisque ce sont les mêmes. Il est urgent d’en évaluer rigoureusement les usages, les risques et les impacts. »
Ainsi, l’Unaf, la fédération française des apiculteurs professionnels et Bee Life (coordination apicole européenne) appellent les autorités à faire évoluer les procédures d’autorisation de mise sur le marché pour les médicaments vétérinaires et les produits biocides, en intégrant dans l’évaluation des risques environnementaux, la question de l’écotoxicité pour les insectes pollinisateurs. De plus, ils souhaitent que la directive 2000/75/CE, relative aux mesures de lutte et d’éradication de la fièvre catarrhale du mouton (FCO), soit révisée. Pour les rapporteurs, l’obligation de traitements dans les élevages n’est plus d’actualité, l’objectif actuel n’étant plus d’éradiquer la FCO. Ils appellent également à renforcer la recherche sur les facteurs d’exposition des abeilles aux insecticides utilisés en élevage. Ils prônent aussi un meilleur suivi de l’usage de ces produits, en accentuant les contrôles et en améliorant les précautions d’emploi des médicaments antiparasitaires vétérinaires. Enfin, ils souhaitent que les vétérinaires soient davantage sensibilisés aux conséquences environnementales des traitements qu’ils prescrivent, en particulier lors de leur formation, car ils « doivent se faire le relai des problématiques d’écotoxicité auprès des éleveurs ». Pour les auteurs, cette sensibilisation pourrait se baser « sur les bonnes pratiques préconisées par les commissions environnement, parasitologie et apicole de la Société Nationale des groupements techniques vétérinaires ».
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