Dans un communiqué de presse, l’académie vétérinaire de France (AVF) appelle à évaluer les politiques publiques ciblant la formation pour enrayer la désertification vétérinaire rurale, et en premier lieu, le tutorat.
Plusieurs réformes sont venues soutenir l’exercice en milieu rural au cours des dernières années, afin d’enrayer la désertification vétérinaire et la dégradation du maillage sanitaire : tutorat d’élève vétérinaires par des praticiens de clientèle rurale, préparation intégrée dans les écoles vétérinaires, augmentation du numerus clausus et soutiens financiers par les collectivités territoriales dans le cadre de la loi DADDUE.
La première mesure a été l’instauration du tutorat en 2018, et les premiers étudiants qui en ont bénéficié sont désormais diplômés. L’AVF recommande donc d’étudier son impact et répondre à deux questions :
- les compétences médicales et le savoir-être sont-ils améliorés chez les diplômés ayant bénéficié d’un tutorat ?
- le tutorat a-t-il significativement amélioré le maillage territorial ?
L’AVF a procédé à des analyses documentaires et des auditions, qui ont confirmé le bénéfice du tutorat concernant la confiance des étudiants dans leur exercice pratique et le sentiment d’appartenance à un territoire. Mais le tutorat ne crée pas de « vocation rurale » ; les étudiants étant recrutés pour leur motivation pré-existante pour l’exercice rural. L’AVF note que la « majorité des étudiants tutorés recensés a été recrutée par le concours C (titulaires d’un BTS ou d’un DUT) ». Ce constat doit être analysé plus en détail ; si il était confirmé, cela « suggèrerait que la principale action déterminant l’efficacité de la politique publique serait plutôt la diversification du cursus d’origine des étudiants et non le tutorat en lui-même. »
L’AVF souligne que la réussite du tutorat repose sur la qualité de l’immersion territoriale, au développement d’un sentiment d’appartenance au territoire et à la prévention de l’isolement. Ainsi le tutorat proposé par les établissements vétérinaires tuteurs ne doit pas être uniquement technique.
L’AVF conclut que toutes les mesures mises en œuvres devront faire l’objet d’une étude d’impact à partir de 2028, qui vérifiera que les mesures prises n’entraînent pas d’effets collatéraux sur les autres secteurs déficitaires de la profession vétérinaire (santé publique vétérinaire, recherche, protection de la faune sauvage) et n’ont pas nui aux compétences scientifiques et médicales de la formation des vétérinaires.
Autre levier d’action immédiat, l’AVF recommande de renforcer les revenus d’appoint à l’exercice libéral. « L’attractivité du secteur rural bénéficierait du recrutement systématisé de vétérinaires libéraux contractuels pour assurer l’inspection officielle dans les abattoirs, comme autrefois » indique ainsi le communiqué, pointant les bénéfices pour les vétérinaires, en termes financier et d’insertion dans le territoire. Cela permettrait aussi de répondre à la grave carence de personnel d’inspection dans les abattoirs.