Le virus de l’IAHP a touché des vétérinaires ruraux américains - Le Point Vétérinaire.fr

Le virus de l’IAHP a touché des vétérinaires ruraux américains

Tanit Halfon

| 19.02.2025 à 11:31:00 |
© iStock-urbancow

Aux Etats-Unis, trois vétérinaires exerçant en filière bovine, se sont révélés positifs au virus influenza aviaire hautement pathogène, a révélé une enquête sérologique menée par les CDC. Aucun de ces praticiens n’avait manifesté de signes cliniques particuliers.

Pour la première fois, les autorités sanitaires américaines ont cherché à savoir si les vétérinaires praticiens ruraux avaient pu être contaminés par le virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Et la réponse est… oui, a révélé l’enquête sérologique lancée à ce sujet, par les CDC, Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for disease control and prevention).

L’enquête a été menée en septembre 2024, auprès de 150 vétérinaires exerçant en filière bovine, ayant été exposés à des bovins au cours des trois mois précédents. Ces vétérinaires exerçaient principalement dans 46 Etats américains (143) mais aussi au Canada (7). 55% (82) exerçaient dans des Etats où des troupeaux bovins laitiers avaient été détectés positifs au virus. 17% (25) avaient été en contact avec des foyers (ou des élevages suspectés d'être touchés).

Trois vétérinaires contaminés

Les analyses sérologiques ont révélé trois positivités, suggérant une infection récente par l’IAHP. Les trois praticiens exerçaient uniquement aux Etats-Unis. Aucun d’entre eux n’avait travaillé avec des bovins infectés ou suspectés de l’être. Toutefois, deux travaillait dans des Etats où l’infection avait été détectée chez des troupeaux laitiers. Le dernier n’exerçait que dans deux Etats sans infection connue à l’époque chez les bovins. A noter aussi qu’un des praticiens avait eu des contacts avec des volailles, et deux avec des bovins non laitiers.

Malgré cette séropositivité, aucun des praticiens n’a signalé avoir eu à l’époque des signes cliniques particuliers. Tous ont déclaré porter des équipes de protection lors des manipulations d’animaux. Il s’agissait toutefois d’équipements de base, à savoir des gants et vêtements de protection ; aucun praticien ne portait de protection respiratoire ou oculaire.

Des infections qui passent sous les radars

Pour les experts, ces résultats suggèrent « qu’il pourrait y avoir des bovins laitiers infectés par le virus HPAI A(H5) dans des États où l'infection chez les bovins laitiers n'a pas encore été identifiée, ce qui souligne l'importance d'une identification rapide des bovins laitiers infectés par le biais de tests de troupeau et de lait en vrac ». Cette recherche de foyers « cachés » via l’analyse du lait est déjà actuellement en cours sur le sol américain, mais elle a été véritablement renforcée en décembre dernier avec la mise en place d'un dépistage obligatoire par échantillonnage du lait au niveau des silos d’usine. Auparavant, des contrôles étaient seulement effectués avant un déplacement de bovins.

Par ailleurs, le fait que les vétérinaires n’aient pas exprimé de signes cliniques montre que la seule surveillance des travailleurs exposés symptomatiques pourrait sous-estimer l’infection. Pour les experts, cela rend d’autant valable leur récente recommandation « d'offrir l'oseltamivir antiviral contre la grippe comme prophylaxie ou traitement post-exposition et de tester la présence de HPAI A(H5) par analyse moléculaire aux travailleurs asymptomatiques fortement exposés à des animaux infectés ».

Réévaluer les risques pour mieux protéger les travailleurs

Les experts estiment aussi qu’une « surveillance systématique continue du bétail et du lait pourrait contribuer à une évaluation appropriée des risques professionnel ». Ce qui permettrait notamment de pouvoir adapter les recommandations de protection individuelle. Car, comme ils le rappellent, à ce jour, « aucune protection respiratoire ou oculaire n'est recommandée lors du travail avec des animaux non infectés dans des régions sans cas confirmés ; cependant, des lunettes de sécurité et un masque respiratoire sont recommandés lors du travail avec des animaux non infectés dans des régions où il y a des animaux infectés ou potentiellement infectés ». Or, « le virus est connu pour être présent en fortes concentrations dans le lait produit par les bovins infectés, amenant à un risque d’infection par exposition respiratoire, oculaire et gastro-intestinal ».

Pour les experts, ces résultats montrent aussi l’intérêt des enquêtes nationales de séroprévalence, pour mieux « aider à évaluer le risque professionnel dans les États où la présence du virus HPAI A(H5) n'a pas été confirmée chez les bovins laitiers. »

Pour rappel, le virus H5N1 HP circule dans les troupeaux bovins laitiers depuis mars 2024. Dernièrement, un nouveau génotype a été détecté illustrant une nouvelle introduction du virus dans les exploitations à partir de l’avifaune sauvage, et donc une dynamique de circulation virale encore très forte sur le territoire. Selon les dernières données des CDC, au 12 février 2025, 968 troupeaux bovins laitiers ont déjà été confirmés positifs au virus dans 16 Etats américains, ainsi que près de 70 cas humains, dont 1 mort.

Tanit Halfon

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