Une étude, publiée en avril 2024 par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC- USA), signale la présence du génotype I africain de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo dans des tiques collectées chez des bovins provenant de deux sites différents, au sud-est et au centre-ouest de la Corse. Cela indique une circulation du virus sur l’île.
Le 6 octobre 2023, le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (VFHCC) avait été détecté dans des tiques du genre Hyalomma collectées sur des bovins dans les Pyrénées-Orientales. Une nouvelle étude établit la présence du virus dans des tiques collectées en Corse. L’étude a été menée par des chercheurs de l’Unité des virus émergents, de l’Inserm (Université de Corse), et du Centre national de référence des Arbovirus (Université de Montpellier).
MéthodologieDepuis 2022, l’équipe de chercheurs surveille la présence du VFHCC en collectant les tiques de bovins dans 2 abattoirs, plus de 2 fois par mois. Pendant la période de juin 2022 à juillet 2023, 5165 tiques issus de 465 bovins ont été collectées, identifiées, et analysées. La présence de génome de VHFCC a été détectée sur 5 bovins. Cette maladie, déjà surveillée sur la période 2016-2020, n’avait jusqu’alors pas été détectée dans les 8051 tiques collectées. Les résultats de l’étude mettent en évidence une circulation établie du VFHCC, car la détection provient de deux sites distincts. De plus, les résultats mettent en évidence une infection de bovin, car de multiples tiques positives pour le VFHCC ont été détectées sur le même animal.
Les souches corses et espagnoles sont distinctesLes résultats de l’étude suggèrent deux origines distinctes pour les souches de VFHCC circulant en Corse et en Espagne, où la maladie a régulièrement été rapportée au cours des années passées, y compris chez des humains. En Espagne, le genotype III est le plus répandu, et est souvent détecté dans les tiques Hyalomma lusitanicum, une espèce pas encore identifiée en Corse. Dans cette étude, des séquences constitutives fu génotype I et III ont été détectées. Les oiseaux migrateurs porteurs de Hyalomma marginatum semblent être la source la plus probable de la souche détectée en Corse. L’examen des principales voies de migration suggèrent deux corridors différents reliant l’Espagne à l’Afrique de l’Ouest et la Corse à l’Afrique centrale. Cela pourrait expliquer les différentes souches de VFHCC circulant en Espagne et en Corse.
La publication indique que la détection de VFHCC dans des tiques en cours de repas sanguin est indicative d’une circulation de virus dans la population de bovins mais n’élucide pas le rôle des tiques dans la transmission du virus. Cela nécessitera d’être mieux compris en considérant les résultats sérologiques, la présence locale de vecteurs compétents, et la présence de VFHCC en France continentale. Cela laisse présager l’expansion du virus en Europe de l’ouest. Les publics au contact du bétail (éleveurs, vétérinaires, personnels des abattoirs et chasseurs… ) devraient être informés sur la circulation virale en Corse.