Nouvel avis de l’Anses sur la gestion d’Aethina tumida à la Réunion - Le Point Vétérinaire.fr

Nouvel avis de l’Anses sur la gestion d’Aethina tumida à la Réunion

Tanit Halfon

| 02.08.2023 à 12:30:00 |
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Malgré la découverte de nouveaux foyers, notamment de foyers sauvages, les experts recommandent de poursuivre l’objectif d’éradication, et appellent à bien appliquer les mesures de lutte recommandées. Les foyers sauvages « fragilise néanmoins l’atteinte de cet objectif ».

Depuis juillet 2022, la filière apicole réunionnaise est confrontée à un nouveau danger sanitaire, Aethina tumida ou petit coléoptère des ruches. Un premier foyer avait été détecté en juillet 2022 sur la commune de Saint-Pierre, suivi de 11 autres, sur les communes de Saint-Philippe et Saint-Joseph. Le dernier foyer de 2022 ayant été détecté le 21 juillet. Après plusieurs mois sans détection, un nouveau foyer avait été découvert à en février 2023, dans la zone de Saint-Philippe, motivant une saisine de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur la stratégie à suivre. Depuis cette saisine, de nouveaux foyers ont été détectés toujours dans le sud de l’île, notamment des foyers sauvages. Dans ce contexte, l’Anses a été saisi une nouvelle fois, pour savoir s’il pouvait y avoir une remise en cause de la stratégie d’éradication, et si oui, comment organiser la surveillance et la gestion pour « vivre avec » le petit coléoptère « tout en maintenant une activité économique ». Au 19 juin, 18 foyers ont été confirmés, dont 7 en 2023. Parmi les 7, les 3 derniers foyers détectés concernent des colonies sauvages : deux ont été confirmés le 30 mai 2023, et le troisième le 12 juin 2023. Tous les foyers de l’île restent cantonnés au sud, et les 3 foyers sauvages sont situés dans la zone réglementée de Saint-Philippe.

Une éradication à viser...mais plus incertaine

Le nouvel avis de l'Anses a été publié en juin. Pour les experts de l'Agence, « il est trop tôt pour recommander l’arrêt de la stratégie d’éradication », même si cette éradication « est de plus en plus incertaine en particulier du fait de l’observation du ravageur dans des colonies sauvages (avec présence de larves) ». Dans cette optique, il est essentiel d’appliquer les recommandations des experts, qui visent aussi à « améliorer la surveillance d’A. tumida sur l’ensemble de l’île, afin d’une part d’améliorer la détection et le contrôle des foyers, et d’autre part de disposer des données les plus précises possibles pour la prise de décision sur la stratégie à mettre en œuvre afin de protéger au mieux la filière apicole réunionnaise ». Les recommandations dont il est question avaient déjà été indiquées dans le précédent avis de l’Anses, tout comme dans une note de 2022 suite à la détection des tout premiers foyers sur l’île. Elles sont toutefois insuffisamment mises en œuvre sur le terrain, notamment des efforts sont à faire en matière de surveillance. La surveillance programmée est particulièrement importantes, et l’Anses « recommande de prioriser la mise en place et le suivi régulier de ruchers sentinelles dans les zones réglementées et dans une zone d’attention de 5km autour de ces dernières ».

Ce constat de l’Anses fait écho à la note de demande de saisine des services du ministère de l’Agriculture, dans laquelle il est évoqué un contexte tendu local depuis le début d’année 2023, avec certaines organisations apicoles locales qui « se sont clairement exprimés en faveur de l’arrêt de la stratégie d’éradication ». Par la suite, « depuis le 28 avril 2023, la surveillance conduite par les services de la DAAF de la Réunion a été fortement réduite en raison du contexte local et du manque de moyens humains. Les deux derniers foyers en élevage (foyers n°14 et 15 confirmés les 3 et 28 avril 2023) n’ont pas été découverts dans le cadre de la surveillance active, mais ont fait l’objet de déclarations par les professionnels. Ce point confirme que la connaissance de la situation épidémiologique est actuellement très imparfaite dans le compartiment domestique ».

Pour les experts de l'Anses, « la question du « vivre avec » A. tumida est une question complexe et très spécifique de la filière et de la production considérée. Les conséquences économiques peuvent être importantes et la décision est irréversible. Ces éléments ne peuvent pas être étudiés et proposés dans le cadre d’une expertise en urgence. » 

Tanit Halfon

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