Ce 31 mars 2023, les assises parisiennes de la santé environnementale étaient lancées à l’occasion d’un colloque dans les locaux de l’Hôtel de Ville de Paris (4e arr.). L’occasion de mettre en avant l’importance de l’exposome dans les politiques globales et locales des santé (One Health).
Pour Anne Hidalgo, maire de Paris, l’objectif de ces assises de la santé environnementale est de permettre une large concertation de tous les acteurs de la santé-environnement. Robert Barouki, biochimiste et toxicologue (Inserm, Université Paris Cité et hôpital Necker-Enfants Malades), a abordé la notion d’exposome, qui est une notion déjà familière en santé animale. L’exposome est l’ensemble des conditions environnementales que subit une personne au cours de sa vie. « Nous cherchons à comprendre l’effet cumulatif de toutes les expositions sur la santé » poursuit-il. Le concept One Health prend là aussi tout son sens. Les défis sanitaires sont tels « qu’il est important que les scientifiques jouent leur rôle » poursuit-il. L’environnement est source de problèmes, mais aussi de solutions (espaces verts, plans d’eau, etc.). « La notion d’Une Seule Santé inclut aussi la santé environnementale » martèle-t-il. La pollution est l'une des premières problématiques en termes de santé publique, avec plusieurs niveaux d’étude : focal (analyse d’un facteur de stress : usage des insecticides par exemple) ; local (quel est l’état d’exposition dans un milieu donné) ; et global (problématiques qui touchent la planète comme le réchauffement climatique par exemple).
Robert Barouki utilise même le terme d’écoexposome. Il regrette qu’encore trop peu d’études sur la perte de la biodiversité et son impact sur la santé humaine ne fassent l’objet de publications alors que c’est un sujet de préoccupation majeur. En outre, « les connaissances de l’univers chimique sont encore très partielles ». De plus, « on étudie souvent substance par substance, alors qu’il existe une infinité de mélanges dont on connait peu l’impact ». Un grain de poussière, une particule atmosphérique, la fumée de tabac contiennent des milliers de molécules. « Plutôt que de travailler sur les substances, intéressons nous à leur mécanisme d’action ».
L’exposome soulève aussi la question de l’épigénétique. « Le fœtus est un organisme qui se constitue, avec des remaniements épigénétiques, c’est là qu’il existe une vulnérabilité majeure aux facteurs environnementaux ».
Elisabeth Gnansia, médecin, présidente de la Société Francophone de Santé et Environnement, reconnait aussi que des limites sont franchies en matière d’environnement avec l’artificialisation des sols, les changements climatiques, la déforestation, les pollutions chimiques et biologiques, etc. Elle martèle la nécessité d’intégrer les enjeux d’Une Seule Santé.
De l’avis des congressistes et conférenciers de cette journée, la santé environnementale devrait prendre une part plus importante dans l’enseignement des professionnels de santé.