Plan Ecoantibio 3 : les recommandations du CGAAER - Le Point Vétérinaire.fr

Plan Ecoantibio 3 : les recommandations du CGAAER

Michaella Igoho-Moradel

| 18.11.2022 à 17:54:00 |
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Pour poursuivre la bonne dynamique des plans Ecoantibio 1 et 2, le troisième volet devra « préserver les progrès accomplis, favoriser de nouveaux succès, et traduire en mesures opérationnelles les orientations de la future feuille de route interministérielle de maîtrise de l’antibiorésistance. »

« Pour lancer un troisième plan Ecoantibio, il est nécessaire de maintenir la dynamique et la motivation des professionnels et des autres parties prenantes » indique un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publié le 14 novembre 2022. Ce dernier évalue les plans Ecoantibio 1 et 2, et formule des recommandations pour l’élaboration du troisième plan Ecoantibio 3 en préparation.

Plans Ecoantibio 1 et 2, un bilan mitigé?

L’heure est au bilan pour les plans Ecoantibio. Si des avancées majeures ont été réalisées, le rapport pointe plusieurs insuffisances. Concernant le plan Ecoantibio 1, il précise que sur ses 40 mesures, 27 sont abouties, 8 ont donné des résultats partiels, 3 des résultats faibles et 2 aucun résultat. « Les principaux succès concernent la sensibilisation et formation des acteurs, l’élaboration de guides de bonnes pratiques, les mesures de prévention zootechniques et de biosécurité, le suivi de l’antibiorésistance et les mesures règlementaires. Les mesures ayant peu progressé concernent les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), le maintien des autorisations de mise sur le marché (AMM) des antibiotiques anciens8 et la recherche de solutions thérapeutiques pour les espèces mineures. » Pour le plan Ecoantibio 2, prolongé d’un an (jusqu’en 2022), des actions ont été engagées concernent les mesures de prévention et de biosécurité, la formation des acteurs, les guides de bonnes pratiques, la maîtrise de l’utilisation de la colistine, le réseau des référents régionaux et la surveillance de l’antibiorésistance. « Certaines actions sont en retard, notamment l’outil de déclaration de cession des antibiotiques (Calypso). Le volet santé animale de la campagne de communication nationale interministérielle ne montre que peu de résultats. Le portail interministériel d’information du public et des professionnels sur l’antibiorésistance n’a pas été créé. »

Des pistes d’amélioration à suivre

Le rapport préconise de tirer les leçons des plans précédents pour la construction du plan Ecoantibio 3, qui pourra suivre certaines pistes d’amélioration. Pour cela, sept recommandations ont été faites :

- La première vise à préserver la dynamique de réduction de l’usage des antibiotiques. L’une des pistes de réflexion suggère de définir et mettre en place un cadre réglementaire facilitant le recours à certaines alternatives (phytothérapie et aromathérapie) tout en confirmant le rôle du vétérinaire dans la prescription et le conseil.

- La deuxième veut maintenir la motivation des éleveurs et encourager leurs efforts. Elle propose notamment de promouvoir la réalisation d’études socio-économiques démontrant l’intérêt de la mise en œuvre des mesures de prévention et de biosécurité.

- La troisième s’intéresse au fonctionnement du plan Ecoantibio 3. Elle propose entre autres de mettre en place une gouvernance partagée associant des parties prenantes publiques et privées et constituer un groupe de pilotage resserré autour de la DGAL. Une piste concerne les moyens humains et financiers dédiés à la santé animale.

- La quatrième concerne la prescription et l’utilisation plus vertueuses des antibiotiques dans le respect du bien-être animal. Sur ce point, le rapport recommande notamment de pousser les dispositions visant à lutter contre les déserts vétérinaires et à renforcer la relation vétérinaire-éleveur, et préserver l’arsenal thérapeutique disponible en favorisant le renouvellement des dossiers d’autorisation de mise sur le marché (AMM) des antibiotiques dits « anciens ».

- La cinquième porte sur la recherche et la surveillance pour encourager des études sur les modalités et les niveaux de diffusion de bactéries résistantes et de gènes de résistance en élevage, dans les structures de soins vétérinaires, les abattoirs et les ateliers de l’industrie agroalimentaire.

- La sixième propose que l’encadrement législatif et règlementaire de la pharmacie vétérinaire permette de lutter efficacement contre l’antibiorésistance. Pour cela, il faut  « simplifier la réglementation afin de la rendre applicable et contrôlable aisément,-maintenir les effectifs des inspecteurs en pharmacie vétérinaire et valoriser leurs postes, programmer des contrôles plus ciblés et soutenir les actions réalisées. »

- La septième préconise une approche européenne et internationale. Il s’agit notamment d’accroître la communication sur les bons résultats des plans Ecoantibio aux niveaux européen et international.

Michaella Igoho-Moradel

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