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Un plan national de lutte contre le frelon asiatique

Tanit Halfon

| 26.07.2022 à 14:00:00 |
© iStock-JesusManuelSoutoBlanco

Il a été lancé au printemps 2022, à l’initiative  des organismes sanitaires apicoles et de l’interprofession, avec l’appui scientifique de l’ITSAP. Il vise à homogénéiser les pratiques de lutte à l’échelle nationale, sur la base des dernières données scientifiques disponibles, afin de gagner en efficacité.

Près de 20 ans après son arrivée sur le territoire français (2004, Aquitaine), le frelon asiatique, ou Vespa velutina, fait enfin l’objet d’un plan officiel de lutte ! Ce plan a été élaboré par la plupart des parties prenantes en apiculture, qui se sont accordées sur une approche concertée et collective, sur le base des travaux de l’Institut technique et scientifique de l’apiculture et de la pollinisation (ITSAP).

« Un groupe de travail a été initié sur le sujet par GDS France (groupement de défense sanitaire) et la FNOSAD (Fédération nationale des organismes sanitaires apicoles départements), explique Etienne Calais, vétérinaire animateur du groupe, et président de la section apicole du GDS Ile-de-France. Tous les organismes sanitaires de la filière ont répondu présents. L’élaboration du plan a été nourri des expériences de chacun ». Depuis juin 2021, plusieurs acteurs ont été impliqués aux réunions de travail, à savoir ADA France (Fédération nationale du réseau de développement apicole), les OVS (organisme à vocation sanitaire), le GNTSA (groupement national des techniciens sanitaires apicoles), INTERAPI (interprofession des produits de la ruche), sans oublier l’Itsap.

Rappelons que le frelon asiatique n’étant pas un danger sanitaire réglementé dans la nouvelle loi de Santé Animale (LSA), si lutte collective, elle est forcément à l’initiative des professionnels.

Structurer des réseaux de référents et faire connaître le plan

L’objectif du plan de lutte est de réduire la pression de prédation des frelons afin d’éviter les affaiblissements des colonies d’abeilles en période pré-hivernale. Pour ce faire,  il s’agit déjà de structurer des réseaux de personnes à différents niveaux, national, régional, départemental et local, en relation avec des organismes sanitaires. Pour chaque niveau, l’objectif est de pouvoir avoir des référents qui seront les artisans de la bonne application du plan et du partage des informations. Au niveau national et régional, les instances apicoles visent des postes de référents coordinateurs financés par l’Etat. Au niveau départemental, ces référents seraient bénévoles ou financés par les conseils départementaux volontaires. Ce sont eux qui seront en charge de développer et animer le réseau des référents locaux, dans le cadre d’un comité de pilotage départemental. Ces derniers auraient notamment pour mission de répertorier les ruchers dans sa zone, et de faire adhérer les apiculteurs au plan de lutte, tout comme les collectivités locales (municipalités). Ils œuvreraient au sein d’un comité de pilotage local, en association avec les collectivités locales. Le plan prévoit aussi la mise en place d’un réseau de référents dits sentinelles au niveau local, qui serait des agents des collectivités, spécialement formés par la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDON) et l’Organisation sanitaire apicole départementale (OSAD) pour assurer le suivi local du plan.

Au-delà de la structuration sensu stricto du réseau, l’idée est de faire connaître largement ce plan, que ce soit au niveau des apiculteurs, ou des collectivités locales.

GDS France et la FNOSAD restent en charge du groupe de travail au niveau national.

Piéger les fondatrices, détruire les nids

La lutte sens stricto repose sur deux leviers : le piégeage au printemps, et la destruction des nids. Les modalités de piégeage se basent sur les résultats des travaux de recherche de l’ITSAP qui avaient montré que le piégeage au printemps, selon des modalités bien spécifiques, étaient associées à une baisse du nombre de nids de frelons. « Le piège à utiliser est celui de type nasse qui est le moins sélectif. Il est à installer pendant 2 mois au niveau des ruchers, entre le 1er février et le 31 mai suivant les régions. Ce piégeage vise à empêcher la construction de nids secondaires. Au-delà, ce n’est plus nécessaire, il n’y a aucun intérêt à piéger des ouvrières ».

Pour les nids, « l’objectif est de les détruire avant le départ des fondatrices fécondées. Pour exemple, en Ile-de-France, nous détruisons environ 3000 nids par an. Mais la recherche des nids s’avère un point limitant. On espère pouvoir obtenir des financements. » Pour cette partie, l’idée est de former des désinsectiseurs aux bonnes pratiques de destruction des nids. Ils seront encouragés à signer une charte de bonne pratique, de manière à être plus facilement identifiés par les collectivités locales et associations apicoles et environnementales.

Toutes ces actions devraient être enregistrées. Notamment, pour le piégeage, il s’agirait de procéder à un relevé du nombre de frelons capturés, des espèces non cibles piégées, de la durée du piégeage, du lieu….Toutes ces données seraient notifiées dans des bases de données locales mais aussi nationales, afin d’évaluer l’efficacité du plan de lutte, et d’adapter le plan de lutte si besoin. Il existe déjà des bases de données locales et régionales. Au niveau national, cela est en train d’être structuré au niveau de la plateforme d’épidémiosurveillance santé animale.

« L’application de ce plan a débuté en mars dernier, souligne Etienne Calais. A ce stade, le piégeage n’est pas encore généralisé. C’est en cours ».

Tanit Halfon

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