Un rapport du CGAAER sur l’intérêt d’ouvrir une 6e école vétérinaire - Le Point Vétérinaire.fr

Un rapport du CGAAER sur l’intérêt d’ouvrir une 6e école vétérinaire

Tanit Halfon

| 10.12.2024 à 12:10:00 |
© iStock-PeopleImages

Ce rapport se penche sur la démographie vétérinaire, ainsi que l’opportunité et la faisabilité d’une 6e école française. Selon les auteurs, il y aura d’ici 2030 un excédent significatif de vétérinaires praticiens. Dans ce contexte, créer une nouvelle école est une décision avant tout politique.

Attendu depuis plusieurs mois, le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), sur l’opportunité d’ouvrir une 6e école vétérinaire française vient enfin d’être rendue public. Il avait été commandé en mars 2023 par le ministère de l’Agriculture, dans un contexte de tension des forces vives vétérinaires - notamment pour la pratique et plus particulièrement l’exercice rural, et de pression du président Alain Rousset de Région Nouvelle-Aquitaine, qui militait pour ouvrir une 6e école française, publique, à Limoges. La conclusion du rapport n’est pas si surprenante : il risque bien d’y avoir un excédent de praticiens vétérinaires d’ici 2030, eu égard des jeunes qui se forment à l’étranger. Dans ce contexte, ouvrir une nouvelle école, qu’elle soit publique ou privée, sur le territoire, relève d’un choix politique ayant trait à la volonté de souveraineté nationale pour la formation vétérinaire.

Un potentiel de 1600-1800 vétérinaires sur le marché de l’emploi chaque année

Dans le détail, le rapport montre qu’aujourd’hui, on peut estimer qu’il y a entre 800 et 950 étudiants français qui sont formés chaque année à l’étrangers ayant de fortes chances de revenir travailler en France. Il y a aussi des vétérinaires de nationalité étrangère qui viennent s’installer en France, qui représentent de 18 à 20% des primo-inscrits, et avec une tendance à la hausse depuis 2014.

Côté français, le nombre d’étudiants vétérinaires augmente dans les écoles nationales vétérinaires, avec en plus le cursus vétérinaire d’UniLaSalle qui vient compléter ces effectifs.

De fait, les auteurs du rapport estime « qu’en 2030, un potentiel annuel de 1600-1800 vétérinaires français nouvellement diplômés arrivant sur le marché de l’emploi, auquel peuvent être ajoutés environ 200 vétérinaires de nationalité étrangère qui viennent s’installer en France chaque année. Ce nombre sera un minimum et risque encore d’augmenter ».

Dans ces conditions, et partant du contexte du travail et des évolutions probables du marché, les auteurs estiment qu’il pourrait y avoir un bilan excédentaire de 500 à 600 vétérinaires praticiens à l’horizon 2030. « Aucun facteur d’évolution n’a été identifié, à l’heure actuelle, permettant de dire que ce bilan excédentaire ne perdure au-delà de 2030 », soulignent les auteurs, mettant en avant l’exemple de l’Espagne. Là-bas, sans régulation, le nombre de vétérinaires excède « largement le besoin, avec comme conséquence, une baisse importante des salaires, une dévalorisation de la profession voire même un certain taux de chômage ».

Un projet de nouveau cursus privé d’El Purpan « déjà mûrement réfléchi »  

Pour l’ouverture d’une 6e école, les auteurs se sont penchés sur le projet de la Région Nouvelle –Aquitaine à Limoges, mais aussi sur deux autres, un porté par l’Ecole El Purpan en Pays-Basque qui veut ouvrir une école privée, et un autre porté par la Métropole de Metz, le département de la Moselle et la Région Grand Est. Seuls les deux premiers projets apparaissent un minimum construits, le troisième étant un projet « embryonnaire » car uniquement porté par une volonté politique sous l’impulsion du sénateur Khalifé Khalifé. Ce projet ne se positionne d’ailleurs pas encore sur la nature publique ou privée du cursus.

Pour les auteurs, les deux premiers projets ont des atouts et des limites, mais avec le projet de l’école privé d’El Purpan qui apparaît plus abouti sur le plan pédagogique et économique que celui de Limoges. Pour ce projet d’école privée, est d’ailleurs indiqué qu’il est « déjà mûrement réfléchi », et que son modèle pédagogique et économique permet « de répondre aux attentes du Code Rural ». Il est évoqué une réflexion sur un repositionnement géographique vers la métropole bordelaise « qui pourrait faire sens ».

Pour les auteurs, face à une démographie qui risque de devenir excédentaire, « la seule question politique qui se pose pour l’État est donc le degré de souveraineté souhaité en termes de formation des vétérinaires et d’origine (de formation) des diplômés employables. » Dans ce cadre, une des réponses possibles pourrait être l’ouverture d’autres cursus vétérinaires français, mais selon les auteurs, « ces créations ne se substitueront pas complètement aux « sorties » hors de France des étudiants ». 

Consolider le plan de renforcement des écoles nationales vétérinaires

Plusieurs recommandations sont faites par les auteurs.

Parmi elles, on peut citer la recommandation de consolider le plan de renforcement des ENV déjà en place en loi de finances afin de « stabiliser la trajectoire d’augmentation des effectifs ». Une autre recommandation est d’inclure les étudiants de l’enseignement supérieur agricole dépendant du ministère de l’Agriculture, qui vont suivre des études à l’étranger, dans les bénéficiaires possibles d’une bourses d’études (sur critères sociaux et de réussite), comme pour les étudiants qui dépendent du ministère de l’enseignement supérieur. Seuls les établissements accrédités par l’A3EV seraient concernés.

Il est aussi recommandé de « suivre l’évolution annuelle des différentes catégories de primo-inscrits selon l’origine de leur diplôme, avec un focus sur le nombre d’étudiants effectuant leurs études à l’étranger dans tous les pays européens ; et effectuer une surveillance régulière des prospectives avec des critères révisés selon l’évolution du marché ».

Si le ministère envisage l’ouverture d’une école, il est préconisé d’ « exiger un dossier incluant un modèle pédagogique complet, un modèle foncier et immobilier, un modèle économique et une trajectoire économique pluriannuelle. »

Plus d'informations dans un prochain article de La Semaine Vétérinaire.

Tanit Halfon

1 commentaire
avatar
Ibr6 le 11-12-2024 à 08:48:39
Je veux être un bon Médecin vétérinaire
Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.