La start-up française Gourmey a annoncé avoir déposé des demandes pour commercialiser son foie gras de culture dans l’Union européenne, mais aussi au Royaume-Uni, en Suisse, aux Etats-Unis, et à Singapour.
Le secteur de la viande cellulaire est en essor depuis plusieurs années, mais encore globalement au stade de recherche et développement. Toutefois, des premiers produits ont déjà été autorisés à la commercialisation : de la viande cultivée de volailles des sociétés américaines Good Meat* et Upside Foods à Singapour et aux Etats-Unis** ; et de la viande cultivée de bœuf de la société israélienne Aleph Farms en Israël. Aujourd’hui, une autre société, cette fois-ci française, Gourmey, spécialisée dans la production de foie gras cellulaire, a annoncé fin juillet 2024 son intention d’aller aussi vers la commercialisation.
Entreprise fondée en 2019, elle vient de déposer en ce sens, des dossiers de demande d’approbation auprès des autorités de plusieurs pays, les Etats-Unis et Singapour, mais aussi la Suisse, le Royaume-Uni et l’Union européenne. Il s’agit de la première entreprise du genre à demander une autorisation pour l’Union européenne. Comme il est précisé dans son communiqué de presse, l’entreprise à préparé « un dossier conforme à la réglementation applicable et aux orientations de l'EFSA ». Selon le communiqué de presse de Gourmey, il semble que ce soit le secteur haut-de-gamme qui soit visé.
Plusieurs étapes avant une possible mise sur le marchéContactée, l’EFSA a détaillé les différentes étapes à passer avant une éventuelle commercialisation. Ainsi, elle a rappelé que la viande cultivée répondait au règlement européen sur les nouveaux aliments. Dans ce cadre, il faut que la demande soit d'abord validée par la Commission européenne, qui charge alors l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, de réaliser une évaluation de la sécurité du produit dans un délai de 9 mois sur la base des études, et données fournies dans la demande et disponibles dans la littérature. Cette évaluation des risques peut être « suspendue si le demandeur doit fournir des données ou des éclaircissements supplémentaires pour permettre l’achèvement des travaux ». Une fois terminée, c’est à la Commission européenne et aux Etats-membres de statuer sur la mise sur le marché et les conditions associées (étiquetage…), en tenant compte aussi des facteurs socio-économiques et éthiques. Cela se fait généralement dans un délai de 7 mois. Si le produit est approuvé par les législateurs, il est rajouté à la liste des nouveaux aliments de l’Union européenne, et peut être commercialisé dans n’importe quel pays de l’UE à condition de respecter les conditions d’utilisation.
Pour l’instant, l’Efsa n’a reçu « aucune demande validée pour des produits alimentaires issus de cultures cellulaires ».
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* La production de l’entreprise Good meat est actuellement interrompue, à priori pour des raisons économiques. La date de reprise de la production n’est pas clairement fixée (voir liens 1 et 2).
** Aux Etats-Unis, après l’approbation fédérale, deux Etats ont interdit la production et la vente de viande cellulaire sur leur territoire, à savoir la Floride et l’Alabama. D’autres Etats pourraient suivre. La société Upside Foods a intenté un procès à la Floride, jugeant l’interdiction irrecevable face à une décision fédérale.