Face à la recrudescence des vols de chiens, une plateforme facilite le signalement et l’alerte rapide. L’outil proposé par l’association Waf aide les propriétaires, mais aussi les vétérinaires, à lutter contre ce fléau.
La recrudescence des vols de chiens est un phénomène établi (environ 75 000 chiens et chats volés par an en France), signalé au niveau politique fin janvier 2025 par une question écrite au gouvernement. Pourquoi tous ces vols ? Pour la revente des animaux, leur mise en reproduction, voire les combats de chiens et les demandes de rançon. Devant les difficultés que rencontrent les propriétaires démunis et choqués à réagir rapidement et efficacement, et face à l’inertie ou la méconnaissance parfois des forces de l’ordre, alors même que la rapidité d’intervention est un facteur de réussite de l’enquête (cela étant reconnu largement lors de la disparition d’une personne), une initiative offre un service d’accompagnement structuré de la victime humaine du vol de son compagnon canin.
WAF : une plateforme pour alerter rapidementUne plateforme de signalement des vols de chiens, relayés ensuite sur les réseaux sociaux, a ainsi vu le jour grâce à l’association WAF, créée en mai 2022 par Nathalie Loïko, elle-même victime du vol de son chien Sunny en 2022. WAF propose ainsi une aide entièrement bénévole à la victime qui se trouve dans un état de choc tel que réfléchir aux bons gestes n’est plus si logique. La plateforme, qui disposera bientôt d’une application mobile, permet de déposer un signalement du chien, le plus complet possible, ainsi que des circonstances du vol. WAF accompagne tout d’abord le propriétaire dans son dépôt de plainte, sachant qu’encore aujourd’hui, une plainte sur deux n’est pas acceptée par les forces de l’ordre, malgré l’obligation qui leur en incombe1. Elle aide au signalement du vol au Fichier National I-Cad (avec le récépissé de la plainte pour vol), sans oublier d’alerter la mairie, la fourrière, les refuges éventuels, ainsi que les vétérinaires (vétérinaire traitant et alentour). La déclaration sur I-Cad est particulièrement importante, car le chien est encore considéré comme un bien, et qu’en la matière, « possession vaut titre »2 : si une personne détient le chien depuis plus de 3 ans sans revendication ni recherche du propriétaire, il lui appartient légalement, charge sinon à l’ancien propriétaire de prouver sa bonne foi. L'association aide ensuite à la diffusion de l’avis de recherche sur les réseaux, et conseille aussi la distribution d’affichettes dans les commerçants du quartier, par exemple. Une aide juridique est également proposée, WAF étant accompagnée d’une avocate reconnue, formée en droit animalier, Me Estelle Derrien. Le but est d’aider au travail des forces de l’ordre et de collecter un maximum de données en un minimum de temps : à cet effet, la plateforme permet également de signaler un animal volé qui a été aperçu, de créer une chaîne de solidarité et d’entraide dans ce contexte difficile.
A terme, les données collectées pourront être utilisées pour « chiffrer » l’ampleur de ces vols et les analyser, le phénomène étant encore peu reconnu et étudié, car il convient que la politique publique prenne en main la lutte contre le trafic des animaux de compagnie.
Un accompagnement juridique et psychologique pour les propriétairesEn effet, WAF cherche à améliorer encore sa prise en charge : le vol d’un compagnon de vie est à l’origine d’une véritable détresse chez le propriétaire, de ce fait l’association met en place un suivi psychologique des victimes humaines, avec l’aide de spécialistes de ce domaine. Cette aide se double de la volonté de faire reconnaitre le préjudice moral de la victime de ce délit, de façon systématique devant les parquets, lors des procès pour vol de chien.
Un autre objectif est de faire reconnaître l’existence du préjudice moral, cette fois pour le chien lui-même. Pour ce faire, WAF a créé un partenariat avec une mutuelle pour animaux de compagnie, qui prendra en charge entre autres le coût de la visite « post-vol » du chien qui aura été retrouvé, afin de recueillir tous les renseignements possibles sur les répercussions physiques et psychologiques que ce vol aura eu sur le chien : certains chiens sont « dépucés » de façon « artisanale », tondus, teints, ou développent des troubles du comportement suite à cette expérience traumatisante.
Le rôle clé du vétérinaire dans la lutte contre les vols de chiensSur ce dernier point, le vétérinaire a un rôle essentiel à jouer dans la détection des séquelles physiques ou psychologiques que peut présenter le chien, afin d’aider toute la famille, humaine et animale, à retrouver un équilibre. En établissant un certificat factuel et circonstancié permettant d’agir en justice, il peut contribuer à faire avancer la prise en compte de ces conséquences au tribunal, afin que les préjudices moraux des victimes, humain et chien, ne restent pas lettre morte. A cet effet, l’avis et la participation de vétérinaires comportementalistes, rompus à gérer ce genre de situations, seraient un plus pour l’association, ainsi que les témoignages de consœurs et confrères ayant déjà eu à y faire face.
Mais, d’une manière générale, tout vétérinaire a un rôle à jouer : premier point, ne jamais oublier de vérifier l’identification et les coordonnées I-Cad d’un chien encore inconnu, et cela même si le propriétaire est déjà client. De plus, le praticien traitant est souvent contacté rapidement par le propriétaire du chien volé, et vérifie que ce dernier a fait tout le nécessaire : porter plainte, prévenir I-Cad (quitte à aider la personne à le faire), prévenir mairie, fourrière…Pourquoi alors ne pas ajouter à ces conseils celui de signaler le vol sur WAF, en l’aidant si nécessaire, quoique l’utilisation de la plateforme soit extrêmement aisée et intuitive (sauf pour un propriétaire sous le choc...) ? Cette procédure supplémentaire mais rapide permettrait une mise en avant accélérée du vol sur les réseaux, et un recueil d’indices ou de témoignages plus efficace.
Ce geste simple d’entraide peut permettre (et a déjà permis) de rendre un chien à sa famille, et de faire en sorte que ce chien n’alimente pas un trafic sordide encore bien méconnu mais dont l’essor est bien réel…
1.Article 15-3 du Code de procédure pénale.
2.Article 2276 du Code civil