Nouveautés et niveau de preuve : « que la lumière soit ! »
Désormais, et à l’image de la médecine humaine, le consensus concernant le traitement d’un animal malade est une prise en charge globale dans une démarche holistique, avec un plan d’action thérapeutique, adjuvant et, le cas échéant, palliatif.
Dans l’arsenal des nouvelles techniques proposées depuis quelques années, la thérapie par rayonnement laser (photobiomodulation), tend à occuper une place d’importance. Ce n’est pas un hasard : la preuve scientifique de son action est maintenant établie pour certaines prescriptions et sa « démocratisation », à l’image de l’échographie à l’orée des années 2000, permet de cumuler des données terrains confortant et précisant les indications proposées par les fabricants (comme en témoignent les études synthétisées dans cette présentation).
Il ne nous reste plus qu’à nous entraîner pour intégrer cette stratégie thérapeutique ou complémentaire, quasiment sans effets indésirables, dans les soins prodigués aux animaux qui nous sont confiés.
« Et la lumière fut! »
Points clés
La myélopathie dégénérative canine (MDC) est une maladie neurodégénérative qui évolue vers une paralysie progressive des membres pelviens et thoraciques. La MDC est un modèle pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA) chez l'homme. Dans les deux cas, la thérapie est palliative car ces maladies sont incurables et mortelles.
Les premiers signes cliniques de MDC apparaissent en moyenne vers l’âge de 9 ans et il faut en général 6 à 9 mois pour passer du stade I (ataxie proprioceptive avec paraparésie spastique) au stade II (paraparésie non ambulatoire à paraplégie). Les chiens atteints sont généralement euthanasiés avant d’atteindre le stade IV, synonyme de tétraplégie.
Dans la perspective d’améliorer la qualité de vie et d’allonger l'espérance de vie des animaux, une étude publiée en 2020 a testé la thérapie par photobiomodulation (PBM) chez 20 chiens de plus de 15 kg, présentant des signes cliniques compatibles avec le stade I de la MDC. Les chiens ont été répartis en deux groupes (A et B), en fonction du protocole de PBM utilisé (Tableau).
Tous les chiens ont été traités avec le même appareil (Companion Therapy Laser CTC-15, LiteCure, LLC). La sonde a été utilisée au contact direct du pelage (sur les chiens non tondus) et de la peau, sur la colonne vertébrale, ainsi la musculature latérale, sur 5 à 7 cm de chaque côté, depuis le corps vertébral T3 jusqu'à la jonction lombo-sacrée.
Les chiens ont aussi bénéficié d’une à deux séances hebdomadaires de physiothérapie (incluant des séances d'hydrothérapie sur un tapis roulant immergé) et d’un programme d'exercices à domicile.
Le délai entre l'apparition des premiers symptômes et celle de la parésie ou de la paralysie des chiens fut significativement plus important dans le groupe B (31,76 ± 12,53 mois) que dans le groupe A (8,79 ± 1,60 mois). De même, le délai entre l'apparition des premiers symptômes et l'euthanasie des chiens fut significativement plus long dans le groupe B (38,2 ± 14,67 mois) que dans le groupe A (11,09 ± 2,68 mois).
Bien que la comparaison soit difficile, des données bibliographiques évoquent un temps de survie moyen de 8,36 mois * (en l’absence de traitement laser) chez des chiens présentant une MDC, proche donc de ce qui fut observé dans le groupe A.
La nature rétrospective de cette étude, la petite taille de l'échantillon et l’absence de groupe témoin incitent à la prudence mais les données obtenues font supposer que la PBM, associée à un programme intensif de physiothérapie, retarde la progression des signes cliniques allonge le temps de survie des chiens atteints de MDC. Dans cette étude, le bénéfice n’a été observé que dans le groupe B, probablement à cause des caractéristiques intrinsèques des deux protocoles (Tableau).
Ces résultats encouragent à effectuer des recherches plus approfondies sur ce sujet, dans un cadre contrôlé.
Paramètres de traitement par photobiomodulation dans les deux groupes de chiens
Groupe A n = 6 | Groupe B n= 14 | |
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Longueur d’onde (nm) | 904 | 980 |
Pouvoir radiant (W) | 0,5 | 6-12 |
Irradiance (W/cm²) en surface de la peau | 0,5 | 1,2- 2,4 |
Fluence (J/cm²) | 8 (par « point ») | 14-21 (moyenne de la zone traitée) |
Protocole de traitement | Traitement point par point, avec 20 points répartis sur l’ensemble de la zone à traiter. | Déplacement continu de la sonde sur l'ensemble de la zone à traiter, à une vitesse de 0,02 à 0,07 m/sec. |
Surface traitée (cm²) | 650-1000 | 650-1000 |
Temps de traitement | Environ 5 minutes, 20 secondes | Entre 25 et 26 minutes |