Mpox : un risque probablement faible de transmission à l’animal de compagnie - Le Point Vétérinaire.fr

Mpox : un risque probablement faible de transmission à l’animal de compagnie

Tanit Halfon

| 11.09.2024 à 09:44:00 |
© iStock-Plougmann

Une publication de l’Académie vétérinaire de France, souligne que comme pour le clade IIb, le risque de contamination de l’animal de compagnie par le clade Ib n’est à priori pas élevé. La vigilance doit rester toutefois de mise, « car ce virus a pu conserver sa capacité à infecter diverses espèces animales ».

Le clade Ib du Mpox, actuellement dans le viseur de la nouvelle alerte « urgence de santé publique de portée internationale » de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) peut-il être transmis à nos animaux de compagnie ? Si à ce stade, il n’y a pas encore de réponse officielle des autorités sanitaires, une publication de l’Académie vétérinaire de France apporte des premiers éléments de réponse. Ils sont rassurants : à priori, le risque de contamination est très faible, à l’instar de ce qui avait été conclu par l’Anses en 2022 pour le clade IIb.

Comme les auteures Nadia Haddad et Jeanne Brugère-Picoux le rappellent, en 2022, une saisine du ministère de l’Agriculture à l’Anses avait conclu à une « quasi-absence de risque » de transmission du virus des humains infectés à leur animal de compagnie. Même chose pour le risque de constitution d’un réservoir animal, notamment parmi les sciuridés européens. En effet, pour rappel, même s’il y a encore des incertitudes sur le réservoir animal de l’orthopoxvirus en Afrique, les sciuridés (écureuils africains) et autres rongeurs sont suspectés de jouer un rôle dans le maintien du virus et la transmission à l’humain. Cette évaluation théorique des risques a été confortée par le terrain : il n’y a eu jusqu’à présent aucunes remontées probantes faisant état d’une infection d’animaux de compagnie, malgré la centaine de pays concernés par la circulation du clade IIb.

Principe de précaution

Selon les auteures, il n’existe à ce jour qu’une seule étude très approfondie sur le sujet : elle a été publiée en octobre 2024 dans la revue Emerging infectious diseases par les experts des CDC aux Etats-Unis, et s’est focalisée sur le clade IIb qui était en circulation. « Elle confirme l’absence quasi-certaine d’une transmission aux animaux par les patients humains », expliquent les auteures. Sur les 34 animaux de compagnie (24 chiens, 9 chats et 1 lapin) suivis dans 21 foyers américains contaminés, les analyses ont été en faveur d’une « contamination passive de la peau et de la fourrure des animaux », et pas du tout d’une infection active.

Malgré tous ces constats, les auteures de l’Académie préconisent d’adopter le principe de précaution, « car ce virus a pu conserver sa capacité à infecter diverses espèces animales ». Pour elles, « les petits mammifères, tout particulièrement les sciuridés et autres rongeurs, restent des candidats potentiels, particulièrement les espèces synanthropes, comme les rats et les souris qui sont présents dans les environnements domestiques, ainsi que les écureuils gris, susceptibles d’être nourris à la main par les humains ». Par ailleurs, « même au sein des espèces réputées non réceptives au MPXV, les très jeunes animaux peuvent s’avérer réceptifs voire sensibles à ce virus ».

Les règles classique d’hygiène et biosécurité sont à appliquer, en particulier la restriction des contacts avec son animal en cas de contamination (y compris avec l’environnement potentiellement souillé à la maison), tout comme les contacts avec des espèces sauvages synanthropes. Ces règles sont valables pour toute la période de contagiosité, qui va jusqu’à la guérison clinique totale (disparition totale des lésions cutanées). « Ces préconisations, émises dans le contexte de l’expansion du clade IIb, devraient être appliquées encore plus strictement vis-à-vis du clade Ib, compte tenu de sa plus grande virulence, tout au moins chez les humains, et d’un risque d’émission de particules virales par les patients encore plus élevé qu’avec le clade IIb », soulignent les auteures. Selon les données disponibles, le taux de létalité du clade I dans les pays endémiques africains serait de 10%, contre 1% pour le clade II.

Plus d’informations sur les recommandations de l’Anses de 2022 sur le clade II, ici.

Tanit Halfon

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