Dans le cadre du lancement du diplôme universitaire « Ethique, Condition Animale et Devoirs de l’Homme », l’Ecole Supérieure de l’Animal et du Vivant (ESAV) a fêté ses 35 ans, le 27 juin à Paris, en présence d’experts.
La journée du 27 juin qui s'est tenue dans le cadre du lancement du diplôme universitaire de l'Esav a permis d'aborder différentes approches autour de la condition animale. Illustrations.
Biodiversité et Biomimétisme
Plus que polluer les écosystèmes, détruire la biodiversité, il est préférable de copier les méthodes que la nature a développées et éprouvées : c’est le biomimétisme. C’est dans ce cadre que Sydney Rostand a créé Bioxegy. A partir d’une soie d’araignée, des chimistes ont développé des matériaux plus résistants que l’acier et biodégradables utilisés en aéronautique. Après l'observation et l'étude des nageoires de la baleine franche, il a été développé des pales d’éoliennes dentelées 20 % plus efficaces. Réconcilier la nature et l’homme est compatible avec la compétitivité.
Attente de la société et des professionnels
Notre confrère Loïc Dombreval, seul vétérinaire député, préside un groupe d’étude de 40 parlementaires sur la condition animale. De sensibilités différentes, ils doivent trouver une position commune pour qu’une Loi puisse être votée. Ils travaillent sur les quatre types d’animaux (de production, de compagnie, d'expérimentation et sauvages). Dans cette dernière catégorie, ils sont en charge des delphinarium, des zoos, des cirques, des animaux en captivité pour leur fourrure. L’impact des ours et des loups est considéré.
Des écosystèmes à la RSE, en passant par la politique
La RSE (responsabilité sociale des entreprises) regroupe l’ensemble des pratiques mises en place, dans le but de respecter les principes du développement durable (pratique sociales, environnementales et économiques). Conscient de l’urgence, l’association Orée (organisation pour le respect de l'environnement dans l'entreprise) et l’institut français de la biodiversité, ont initié un groupe de travail pour aider les entreprises à intégrer la biodiversité dans leur stratégie. Hélène Leriche, vétérinaire et écologue, responsable « biodiversité et économie » de l’association Orée, estime que sa formation de vétérinaire lui permet d’aborder les problèmes de manière systémique. « Au quotidien, on a souvent tendance à penser les choses en thématique, mais il faut les aborder globalement en prenant en compte le système de cohabitation homme /faune sauvage et le choix de développement. Il ne faut pas s’y perdre, mais cela permet de mieux cadrer les choses et d’ouvrir tous les possibles ». Il convient donc établir un corpus d’approche et de connaissance pour ensuite développer et ouvrir les différentes questions. « Plus qu’une démarche holistique, il s’agit d’une démarche systémique et dynamique et avant tout avec beaucoup d’humilité ».
Corinne Lesaine, vétérinaire, a créé Aloki Conseil, réseau de compétences en santé, bien être, et protection animale pour agir dans une démarche responsable et respectueuse. En aménagement territorial, on parle de la règle des trois R (réduire remplacer, raffiner) pour diminuer l’impact que l’on aura sur l’écosystème. Les entreprises ont une vraie volonté de protection environnementale avec des moteurs forts en termes de créations d’emplois, d'innovation, de reconnaissance sociétale. Sans professionnalisation des personnes sur les postes clés, il ne pourra y avoir de pertinence sur ces engagements. Une utilisation marketing de l’image d’un animal doit être pensée en termes d’éthique.
Jean-Luc Vuillemenot est journaliste, attaché parlementaire, conseiller animalier sur la thématique « l’animal dans la ville », cofondateur de l’association Handichien. Cette association a pour mission d’éduquer et de remettre gratuitement des chiens d’assistance à des personnes en situation de handicap.Aujourd’hui n’importe qui peut faire n’importe quoi en matière d’éducation animale. Il serait juste et correct de dispenser des formations aux intervenants qui seront amenés à éduquer des chiens mais aussi à ceux qui les utiliseront dans des situations collectives, d’apprentissage scolaire, d’accompagnement social ou sanitaire. Les bénéficiaires aussi devraient suivre des formations. Une législation devra être établie. Les intervenants qui formeront le couple homme-chien doivent être experts dans la pathologie des bénéficiaires.
Condition Animale : « domestique, élevé ou sauvage, même combat ? »
Notre consoeur Hélène Soubelet dirige la fondation pour la recherche sur la biodiversité. « Nous devons prendre en compte, non plus tous les animaux, mais tous les êtres vivants (82 % de la biomasse est composée de plantes) ». De cet écosystème, l’homme retire un certain nombre de services (production alimentaire, qualité et régulation de l’eau et de l’air, production de matériaux et de médecine). Dans l’éventualité d’un effondrement de cet écosystème un autre équilibre sera atteint. On ne connaît pas les services que l’on pourra en retirer. « La nature n’a pas besoin de nous, c’est nous qui en avons besoin »
Pour notre confrère Hervé Gomichon, fondateur de la société Le moulin des fleurs, en charge de filières qualité chez Carrefour, les modifications dans le choix alimentaire des consommateurs (transparence, bien être animal etc.) ont conduit à la formation de projets pour définir les conditions de production avec les éleveurs. Peu crédibles pour les consommateurs, la fixation de normes a été nécessaire. Les différentes crises, l’impact de certaines associations (L214), des industriels et des distributeurs pas toujours transparents, retentissent sur l’ensemble de la filière alimentaire. La vente en direct semblent créer plus de confiance pour les consommateurs.
Lionel Reisdorffer, vétérinaire, s’est appuyé sur les élevages « sans problème », en valorisant leurs bonnes pratiques, dans une démarche appelée « Happy ». Un réseau d’éleveurs Happy a été constitué. Lionel Reisdorffer et ses collaborateurs les rencontrent pour s’assurer que leurs exploitations sont dignes de la démarche. Aujourd’hui, le réseau compte 150 éleveurs de bovins « heureux » dans toute la France. Ces élevages ont souvent en commun une bonne ambiance en bâtiments, la propreté des animaux, la bonne disponibilité de l’alimentation et de l’eau, un état corporel satisfaisant, pas de maladie chronique, des animaux calmes. Pour améliorer les choses, la démarche Happy s’est dotée d’outils pour réaliser des diagnostics. Elle a mis au point un programme de formations destiné aux éleveurs.
Devoirs de l’Homme : « quels engagements, obligés ou volontaires ?
Céline Peccavy, avocate spécialisée en droit animalier, traite essentiellement des garanties après la vente et des maltraitances animales. Elle souligne que si l’identification est obligatoire, les vaccinations ne le sont pas. Dans le cas de litige, la carte de tatouage n’est pas un titre de propriété mais une présomption. En cas de maltraitance, le vétérinaire, compte tenu du secret professionnel, ne peut en référer directement la police mais à la DDPP. Suite à une morsure, le vétérinaire expert peut signaler une maltraitance dans son rapport.
Christine His est déléguée en France de l’Arche des Associations qui accueille, aide et met en relation différentes associations de l’univers animalier. C’est la 1ère fédération d’associations réunissant trois familles du milieu animalier : protection, médiation et défense des droits de l’animal. Elle offre à des petites organisations une visibilité via des actions magasins ou au sein de grands salons animaliers, un site internet, des pages dans des médias partenaires, des dons à la fois financiers et matériels, un mécénat de compétences avec la mise en place de journées de formation ou d’aides à la création de documents, de conseils juridiques.
Regards Croisés
Deux associations de protection animale ont présenté leurs actions : l’AMAH (association contre la maltraitance animale et humaine) a été présentée par notre confrère Jean-Pierre Kieffer qui a souligné que la maltraitance animale signe souvent une maltraitance chez l’enfant. Si le secret professionnel nous interdit la déclaration, la loi L203/6 du code rural nous permet sa déclaration à la DDPP. Katia Renard, rédactrice en chef de 30 millions d’amis et en charge du site « solidarité refuge », a décrété avec Animaux on line, que le dernier samedi du mois de juin est la « journée mondiale de la lutte contre l’abandon », pour dénoncer un fléau qui envoie dans les refuges des milliers d’animaux.