Santé mentale des vétérinaires : une étude néerlandaise tire (aussi) la sonnette d’alarme - Le Point Vétérinaire.fr

Santé mentale des vétérinaires : une étude néerlandaise tire (aussi) la sonnette d’alarme

Bénédicte Iturria

| 18.02.2025 à 10:00:00 |
© BeritK-Getty Images

Une étude révèle une forte détresse chez les vétérinaires néerlandais, liée à la pression, au stress et à un mauvais équilibre vie pro-perso. L’Ordre des vétérinaires appelle à l’action pour améliorer les conditions de travail.

En réponse aux signaux et aux inquiétudes persistants concernant la santé mentale des vétérinaires, la KNMvD, l’Ordre des vétérinaires néerlandais, a demandé au bureau d’étude SKB de mener une enquête approfondie sur le bien-être et la satisfaction au travail. Sur les 4000 professionnels invités à participer à cette étude, 1161 vétérinaires âgés de 25 à 65 ans, membres ou non du KNMvD ont répondu. Les résultats sont inquiétants et démontrent que la profession est en difficulté et sous pression.  L’étude s’est concentrée sur divers aspects du bien-être mental, de la pression au travail à l’environnement de travail, en passant par l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Les résultats ont été comparés avec des employés de différents secteurs.

Pression au travail

Le rapport montre que la charge de travail des vétérinaires est particulièrement élevée. Des facteurs tels qu’un rythme de travail très soutenu, une charge de travail importante et la complexité des tâches entraînent une surcharge structurelle. L’effort physique est également important.  En matière de vitalité, l’étude fait état de notes défavorables pour les praticiens canins, les employés et les jeunes vétérinaires. Les employeurs, les praticiens ruraux et les vétérinaires plus âgés affichent de meilleurs résultats. Toutes les catégories de répondants obtiennent un score allant du rouge au rouge foncé en ce qui concerne la récupération post-travail et la distanciation. Cela est particulièrement inquiétant car il s’agit de facteurs de risque d’absentéisme et d’abandon de poste. Les conséquences de la pression et du stress au travail sont graves. De nombreux vétérinaires indiquent qu’ils ont perdu la joie de travailler pour cette raison. Ils sont aussi beaucoup plus enclins que la population active en général à envisager de changer de travail.

Un environnement de travail source de tensions

Un autre problème frappant est celui de l’environnement de travail. De nombreux vétérinaires entretiennent de mauvaises relations avec leur manager et leurs collègues. En interne, les cas de harcèlement, d’intimidation et de discrimination sont régulièrement évoqués. En ce qui concerne les interactions avec la clientèle, l'agression verbale est particulièrement perçue comme un problème majeur, suivie par les menaces personnelles. Seuls les employeurs, les praticiens ruraux et les vétérinaires plus âgés obtiennent des résultats comparables à l’ensemble de la population active. Ce manque de bonnes relations sociales internes et externes génère beaucoup de stress et a des conséquences importantes sur l’employabilité et la satisfaction au travail, notamment pour les salariés et les jeunes vétérinaires.

Conciliation vie professionnelle-vie privée

L’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est un autre domaine dans lequel le rapport n’apporte pas de bonnes nouvelles. Les vétérinaires indiquent qu’ils ont structurellement trop peu de temps et d’énergie à consacrer à leur vie privée. Les vétérinaires équins remportent la palme, suivis des jeunes vétérinaires et des employés. La pression pour répondre aux messages professionnels en dehors des heures de travail est élevée, voire très élevée. Cela entrave la possibilité de se détacher véritablement du travail, condition nécessaire au rétablissement et à la santé mentale. Certaines catégories de répondants expriment également des inquiétudes quant à leur situation financière.

Points positifs et perspectives d'avenir

Le rapport contient également des points positifs. De nombreux vétérinaires apprécient la variété de leur travail et les possibilités d’apprendre et de se développer. Les employeurs et les vétérinaires plus âgés en particulier obtiennent ici de meilleurs résultats que la moyenne. Ces points positifs ne compensent toutefois pas la gravité des autres problèmes.

Un appel à l’action pour un changement nécessaire

La KNMvD prend au sérieux les signaux de ce rapport et appelle à l’action. L’amélioration de la confraternité et de l’environnement de travail sont les priorités. « Le métier de vétérinaire est merveilleux, mais il nous demande beaucoup mentalement. Il est absolument nécessaire que nous nous reposions suffisamment et que nous économisions de l’énergie pour notre vie privée, dans laquelle nous avons souvent aussi d’autres responsabilités. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons relever le grand défi qui nous attend. Tous sur le pont ! », a déclaré Sophie Deleu, présidente de l’Ordre.

Pour lire l’étude (PDF, en néerlandais), cliquer ici.

Bénédicte Iturria

Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.