Maladies du bas appareil urinaire félin : les recommandations d’iCatCare

Les affections du bas-appareil urinaire sont fréquentes chez les chats et se traduisent par différents signes cliniques : dysurie, strangurie, périurie, pollakiurie et hématurie. Elles sont décrites sous des noms divers depuis les années 1970, en fonction des origines ou pathogénies suspectées. iCatCare a réuni 7 experts* de 4 pays** pour présenter une approche diagnostique pratique de ces affections, à la fois banales, douloureuses, pouvant être des urgences vitales, et récidivant souvent. Ils publient ainsi un guide exhaustif de 30 pages, regorgeant d’astuces pratiques, dans le Journal of Feline Medicine and Surgery.

Pour la première fois dans des recommandations internationales, la notion de comportement de maladie (sickness behavior, décrit par notre confrère Robert Dantzer, neurobiologiste et directeur de recherche à l’Inserm, est mentionnée, regroupant «  les signes cliniques et comportementaux non spécifiques, comprenant des combinaisons variables de vomissements, de diarrhée, d'anorexie (ou de réduction de la consommation de nourriture et d'eau), de fièvre, de léthargie, de somnolence, de comportements douloureux accrus et de diminution de l'activité générale, des activités de toilettage et des interactions sociales ».

La cystite idiopathique – aussi appelée syndrome de Pandore – est une affection systémique, dont le diagnostic se fait par exclusion des autres affections. C’est la réponse de la vessie à une activation permanente du système central de réponse aux menaces.

Les experts soulignent, parmi les astuces pratiques pour la réalisation de l’analyse urinaire, que des cristaux peuvent être présents chez des chats en bonne santé ou être un artefact, résultant d’un délai trop long entre le recueil des urines et leur analyse : celle-ci doit être faite dans l’heure qui suit le recueil. La mesure de la densité urinaire doit toujours s’effectuer au réfractomètre.

L’hyperkaliémie doit systématiquement être recherchée lors d’obstruction urinaire et sa gestion fait l’objet d’un arbre décisionnel pratique.

La réalisation d’une échographie Pocus, au chevet du chat, permet de suivre sa réaction à la fluidothérapie et d’éviter les surcharges.

Les recommandations sont détaillées pour chaque geste, même ceux qui paraissent faciles comme la cathétérisation urétrale et pour lesquels chaque détail compte et fait la différence pour le patient félin (examen rectal et massage préalable du pénis, bloc sacrococcygien, nature et diamètre de la sonde, etc.).

Deux pages sont consacrées aux conseils d’administration des médicaments (pour alléger la charge mentale de celui qui soigne le chat) et aux modifications environnementales à proposer pour éviter les récidives.

Le document de 30 pages, en anglais pour l’instant, est en libre accès, avec une vidéo pour perfectionner sa technique de réalisation de l’anesthésie péridurale, un questionnaire pour les familles de chat souffrant de cystite idiopathique (disponible en français également) et une brochure destinée à la famille du chat atteint.

*Le panel d’experts, dirigé par Sam Taylor (spécialiste en médecine féline, iCatCare), est pluridisciplinaire, avec les imagistes et urgentistes Søren Boysen et Serge Chalhoub (Université de Calgary), spécialistes du Pocus (Point-of-Care UltraSound) qui a changé la vie des praticiens, les spécialistes en nutrition et comportement, Tony Buffington et Mikel Delgado, les spécialistes en médecine féline Danièlle Gunn-Moore, et Rachel Korman, et un spécialiste en médecine interne, Pieter Defauw.

**Australie, Canada, États-Unis et Royaume-Uni