Dans un courrier envoyé ce weekend aux parlementaires de la Commission mixte paritaire, les représentants des étudiants vétérinaires indiquent refuser « des solutions toutes faites qui arrangeraient des institutions privées au détriment de la profession toute entière ».
Le projet d’une école vétérinaire privée ne passe pas. Après le courrier de la Fédération des syndicats vétérinaires de France, c’est au tour des étudiants des écoles nationales vétérinaires françaises de réagir, avec l’envoi d’un courrier le 7 novembre aux députés et sénateurs de la Commission mixte paritaire.
On y a apprend déjà que la communauté étudiante n’a été informé du projet que le 21 octobre dernier. S’en est suivi un sondage qui a montré que sur 601 étudiants de l’école nationale vétérinaire de Toulouse, 93,7% n’étaient pas favorables à l’ouverture d’une école vétérinaire privée. De la même manière, sur 638 étudiants de VetAgro Sup (Lyon), 97,3% y étaient également opposés.
« L’immense majorité des étudiants des ENV s’est donc positionnée contre le projet d’ouverture d’une école vétérinaire privée en France ; nous nous sommes efforcés dans cette lettre d’unifier et d’organiser leur réflexion », indiquent ainsi les auteurs de la lettre.
Un conflit d’intérêt avéré
Plusieurs points sont développés : d’abord le fait que le vote de l’amendement repose sur un conflit d’intérêt. « Il faut déjà constater que l’école privée est un projet soutenu par Madame la sénatrice Sophie Primas, qui se trouve être également administratrice de l’établissement UniLaSalle, l’un des prétendants phares pour l’ouverture d’un établissement privé de formation vétérinaire », est-il souligné dans ce courrier.
De même, « ce projet d’école privée est de plus soutenu par l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA) dont le président n’est autre que Monsieur Sébastien Windsor, qui s’avère être également... président du Conseil d’Administration d’UniLaSalle ».
Une décision dénuée de sens
Autre point de tension, celui des frais de scolarité, qui s’annoncent aux alentours de 90 000 euros pour 6 années d’études. « Ces frais sont plus élevés que ceux que l’on peut trouver dans les autres écoles vétérinaires privées européennes. Cela va en tout point à l’encontre de la volonté affichée de rendre plus accessible la profession vétérinaire ; d’autant plus que des efforts ont déjà été faits en ce sens avec la mise en place de la PACEV (Première Année Commune aux Ecoles Vétérinaires) dès 2021 dans les quatre ENV », rappellent les auteurs.
Ces frais de scolarité « exorbitants » ne seront pas favorables à l’installation des jeunes vétérinaires diplômés dans les zones rurales : « comment pousser un étudiant endetté pour de longues années à aller exercer dans les campagnes françaises, aux premiers échelons de la convention collective, et s’attendre à ce que ce système économique fonctionne ? Ceux qui le pourront partiront exercer dans des pays tiers où ils seront mieux payés pour rembourser ces dettes, ou chercheront à faire de la médecine de pointe, domaine certes passionnant mais dans lequel il n’y a pas de manque criant de professionnels ».
Qid de l’indépendance ?
Pour les auteurs, autoriser un système privé est ouvrir la boîte de Pandore, et ils alertent sur les dérives potentielles dans les années à venir : « même si l’encadrement apporté par le ministère de l’Agriculture – dont la forme et le poids ne sont actuellement explicités nulle part- s’avère efficace dans un premier temps, nous ouvrons avec cet amendement la porte à toutes sortes de dérives plus ou moins contrôlées dans les années ou les dizaines d’années à venir. Aujourd’hui, et peut-être demain, le ministère aurait un rôle majeur dans l’administration ou la gestion de ces écoles ; mais plus tard, rien ne nous assure que les acteurs et investisseurs privés ne développeront pas au fil des années une main-mise sur cet enseignement ».
Ils ajoutent : « L’enseignement français et l’enseignement vétérinaire ne doivent pas être relégués au second plan et jetés en pâture aux investisseurs privés : l’indépendance intellectuelle est une notion primordiale dans notre profession et dans notre société ».
Dans ce cadre, le risque est aussi d’en oublier, à terme, l’importance du vétérinaire dans la Santé publique, alors que la pandémie actuellement montre à quel point cet enjeu « est d’une importance majeure ».
« C’est pour toutes ces raisons que nous, étudiants vétérinaires, refusons des solutions toutes faites qui arrangeraient des institutions privées au détriment de la profession toute entière. Nous demandons de mettre sur la table les vrais enjeux de formation des futurs vétérinaires et de participer à l’analyse des solutions et des contraintes sans tabous avec l’ensemble des personnes concernées », concluent les étudiants.
Cliquez sur ce lien, pour accéder au courrier.
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Ce courrier a été rédigé par les étudiants élus aux Conseils de l’Enseignement et de la Vie Etudiante) et/ou aux Conseils d’Administration des 4 Ecoles Nationales Vétérinaires, ainsi que par les étudiants vétérinaires élus au Conseil National de l’Enseignement Supérieur Et de la Recherche Agricole, Agroalimentaire et Vétérinaire.
On voit le coté arrivée d'une nouvelle école d'un autre point de vue.
Sans possibilité de remplaçants ou d'aides, on a l'impression d'être des funambules tous les jours.
On vit au jour le jour, pierre angulaire d'une structure qui s'il nous arrive quoi que ce soit s'effondre avec notre personnel.
SOS
Notre profession est mourante...
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