Ils appellent encore une fois à l’organisation d’un débat approfondi, eu égard les incertitudes entourant le projet d’un système d’enseignement privé pour la formation vétérinaire.
Le 9 novembre, la Commission mixte paritaire a adopté en l’état l’article 22 bis autorisant aux établissements d’enseignement supérieur privés de former des vétérinaires. A ce stade, le texte doit encore repasser devant les deux chambres parlementaires avant son adoption finale, et seuls les amendements du Gouvernement ou ceux acceptés par lui peuvent être déposés. La séance à l’Assemblée nationale est prévue le 17 novembre, celle du Sénat reste encore à définir.
Une fois validé au Parlement, il faudra encore rédiger un décret d’application en Conseil d’Etat.
Cette décision a amené les syndicats vétérinaires et les représentants des étudiants à rédiger un nouveau courrier, dans lequel ils demandent un moratoire. Nous publions ci-dessous ce texte en intégralité.
" Déclaration liminaire CNESERAAV jeudi 12 novembre 2020 au nom de la FSVF, de la FSU, du SGEN-CFDT, de la CGT Agri et de FO enseignement agricole, des représentants des étudiants au CNESERAAV.
Demande de moratoire sur la création d’écoles vétérinaires privées afin de permettre la concertation et le débat approfondi qui auraient dû avoir lieu préalablement à ce changement législatif.
Considérant que :
- Les syndicats professionnels vétérinaires soulignent que le texte proposé n’offre pas
de garanties suffisantes et fait peser beaucoup d’incertitudes sur l’avenir de la
profession vétérinaire ;
- Les enseignants des 4 ENV ont largement voté (204 votes pour sur 211 exprimés)
cette semaine une motion afin de demander un moratoire sur la création d’écoles
vétérinaires privées (I.4 de l’article 22 bis de la Loi LPPR) afin de permettre la
concertation et le débat approfondi qui auraient dû avoir lieu préalablement à ce
changement législatif ;
- Les enseignants de deux des quatre écoles vétérinaires ont voté une motion
proposant d’accroitre la capacité d’accueil des étudiants dans leurs établissements
afin de répondre au besoin de formation de vétérinaires, avec les moyens
homothétiques pour les former ;
- Les étudiants et internes de deux écoles vétérinaires sur quatre ont réalisé une
concertation et se sont très majoritairement prononcés contre la création d’écoles
vétérinaires privées, de même que l’ensemble des élus étudiants du CEVE, du CA et
du CNESERAAV des 4 ENV.
La création d’écoles vétérinaires privées justifie une réflexion d’ensemble sur le dispositif de
formation et sur son adaptation aux besoins de la société dans les différents domaines
d’activité des vétérinaires. En effet, une telle évolution, qui serait la plus importante pour
notre profession depuis la création du doctorat vétérinaire en 1923, a forcément de
nombreuses implications sur l’unicité du diplôme, sur le risque d’une formation selon deux
logiques différentes et donc sur la façon dont les vétérinaires remplissent leurs missions au
service de la société et de l’État.
Cette réflexion nécessite d’associer étroitement les professionnels vétérinaires ainsi que
l’ensemble des parties prenantes concernées par les enjeux de santé et de bien-être animal,
de sécurité de la chaîne alimentaire et d’approche globale des enjeux de santé, notamment
le concept « One Health ».
C’est la raison pour laquelle l’ensemble des organisations représentatives des intérêts de la
formation et de la profession vétérinaire (organisations syndicales des personnels
représentées au CNESERAAV, représentants des étudiants, FSVF) attirent l’attention sur
des points de fragilité, qui illustrent la nécessité de conduire une réflexion approfondie.
1. Fragilité du maillage vétérinaire dans certaines zones de désertification rurale
Le principal argument avancé pour justifier la création d’une école vétérinaire privée est la
nécessité de former plus de vétérinaires pour lutter contre la désertification rurale et assurer
la continuité des soins des animaux d’élevage.
La fragilité du maillage vétérinaire dans certaines zones rurales est une réalité depuis une
vingtaine d’années. Elle s’est accélérée du fait de la diminution régulière de la rentabilité
économique des activités vétérinaires en productions animales dans ces zones à faible
densité d’élevage pour les établissements de soins. C’est donc en premier lieu un problème
de demande et non pas d’offre. Les solutions se trouvent dans un nouveau modèle
économique, qui reste à construire, entre l’ensemble des acteurs en incluant l’État et les
collectivités territoriales.
2. Risque d’une formation duale
Seuls l’Espagne et le Portugal au sein de l’UE ont adopté le principe de création d’écoles
vétérinaires privées. Les autres pays ont fait le choix de maintenir un enseignement
vétérinaire public et y consacrent des moyens souvent supérieurs aux nôtres.
Comment garantir une formation de même niveau, assurée par des enseignants-chercheurs
et basée sur une recherche de qualité, permettant une formation d’excellence et une
expertise de haut niveau scientifique pour l’État ? Le risque d’une formation hétérogène pour
un unique diplôme vétérinaire nous semble réel et sérieux : il nous parait indispensable
que la profession participe à l’élaboration des garanties. Le texte proposé n’en offre
pas de suffisantes, c’est pour cela qu’un moratoire nous semble indispensable.
3. Coût des études
Le coût annoncé pour les familles est supérieur à 90 000 euros pour six années d’études.
Quelles familles pourront assumer une telle dépense ? Cet écart de coût avec
l’enseignement public nous interpelle et nous souhaitons que des réponses satisfaisantes
soient apportées afin d’éviter une sélection par l’argent, contraire à nos valeurs.
Nous constatons par ailleurs que les quatre Écoles Nationales Vétérinaires se sont
profondément transformées au cours des dernières années et accueillent aujourd’hui des
promotions plus nombreuses.
Un nouveau dispositif de recrutement (les classes préparatoires intégrées) se mettra en
place dès la rentrée 2021. Il permettra de raccourcir la durée des études d’une ou deux
années, diminuant ainsi le coût tant pour les familles que pour les finances de l’État. De plus,
certaines écoles vétérinaires proposent de former des promotions de 200 étudiants.
L’ensemble des organisations syndicales de la profession vétérinaire, regroupées au sein de la FSVF, considère que le projet actuel de création d’une école vétérinaire privée pose des questions à la profession vétérinaire quant à son présent et son avenir.
Aussi nous demandons que soit réalisée une étude d’impact de ces modifications sur les 4 écoles
déjà existantes (budget, enseignants, …), sur la qualité de l’enseignement, sur le maillage
vétérinaire, mais également sur la fuite des étudiants français à l’étranger. Cette étude est
indispensable.
Enfin nous demandons, pendant la période de moratoire, à être associés au travail approfondi qui
doit être conduit afin d’apporter des réponses appropriées au défi majeur que nous connaissons :
permettre le maintien d’un maillage vétérinaire sur l’ensemble du territoire, tout en assurant une
formation d’excellence capable de répondre aux enjeux de demain.
Les syndicats signataires sont le syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, le syndicat national des inspecteurs de santé publique vétérinaire, le syndicat national des vétérinaires conseils, le syndicat national des vétérinaires salariés d’entreprises, la fédération syndicale des enseignants des écoles vétérinaires françaises, le syndicat français des vétérinaires membres des collèges européens-Spécialistes vétérinaires."
Pour consulter le projet de loi, cliquez sur ce lien.
Sans vouloir faire de procès à ces écoles je constate que la formation pratique y est quasi inexistante.
Il me semble donc qu'un enseignement sur le programme duquel la France aurait un mot à dire serait un plus.
La proposition du doublement du nombre d'élèves par promotion dans les écoles actuelles est-elle réaliste vu la taille des locaux ?
J'en doute.
Cela dit Un coût des études de 90000 euros à la charge des familles est évidemment trop élevé.
Mais il y a en France plein d'écoles privées sous contrat avec l'Etat et je ne vois pas en quoi cela ne pourrait s'appliquer à une Ecole Vétérinaire
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Mais la profession est beaucoup plus vaste, et je pense que les écoles vétérinaires publiques sont les plus aptes à assurer cette formation dans tous les autres domaines. A moins que l'on souhaite , insidieusement , écarter les vétérinaires des responsabilités de tous ordres (sanitaires entre autres...)
Il semble de toutes façons illusoire d'espérer régler le problème du maillage par ce biais, ce qui est très bien expliqué dans le document des syndicats.
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Pourquoi? Est-on certain du même niveau d'équivalence entre la formation 'privée" et celle des écoles vétérinaires 'ENV'. La formation des vétérinaires est très lourde, très complexe souvenons nous des cours d'ostéologie et de l'inspection des viandes et de bien d'autre matière. tout cela ne s'improvise pas. Il faut être fou pour se lancer dans cette aventure en prétendant ne réaliser aucun profit à l'arrivée. Cela relève vraisemblablement d'un complexe d'infériorité maladif qui fait qu'un enseignement privé veut défier l'enseignement supérieur du Ministère de l'agriculture. pour l'égalité des diplômes il faudra un examen approfondi sur l'ensemble des matières de ces nouveaux élèves.
Bref cette situation confirme l'état général de notre pays, la France' qui peut se résumer en un mot "DECADENCE" Robert TELLIER ICSPV honoraire
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